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21 mars 2020

Confinement : semaine 1

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Cette première semaine de confinement est très étrange. Il flotte comme un air de vacances en ce début de printemps.

Pas de réveil qui sonne, pas d'horaire à respecter. Le petit déjeuner s'étire avec gourmandise. Tout est calme. Comme un mois d'août en 1970, lorsque tous les citadins partaient à la mer et que pratiquement tous les commerces fermaient et la ville se vidait.

Les chiens sont calmes. Ils n'aboient plus. Normal, il n'y a personne dehors pour activer leur sens de la propriété. Je mets un peu de musique de fond, même si j'aime le silence.

A si, ils aboient maintenant !! Un livreur vient d'arriver. Il laisse le paquet sur le muret. Mais ce n'est pas inhabituel. Les livreurs se méfient des chiens. Je récupère le journal dans la boîte aux lettres.

Je vais pouvoir choisir les occupations de ma journée, sans stress, sans pression, selon mes envies du moment.

Tout semble parfait.

Jusqu'à ce que j'ouvre le journal. Avant même de l'ouvrir, la Une titre sur le Covid19. Les pages locales ne parlent que de cela : les contrôles de police, les parcs fermés, les marchés ouverts, les commerçants dévalisés et le décompte des malades du département

Mêmes les avis de décès sont contaminés : chacun mentionne bien que seuls les très proches pourront assister aux obsèques, et seulement s'ils sont déjà sur place.

Pas question de faire cent kilomètres pour enterrer sa grand-mère ou son oncle. Ce n'est pas un motif de déplacement essentiel.

La page des sports se réduit comme peau de chagrin. Les championnats sont reportés, annulés, les entraînements se font en chambre, seul.

Les pages nationales et internationales ne valent pas mieux que les pages locales. Ou peut-être sont-elles pires. Anxiogènes. Les malades se comptent, les morts aussi. 

 

Je vais faire un tour sur ma boîte mail : mes fournisseurs communiquent sur le virus. Ce qu'ils font encore, ce qu'ils ne peuvent plus faire. Les commerçants essayent de survivre en proposant des livraisons gratuites.

Les réseaux sociaux en rajoutent une couche, même s'ils essayent d'alléger le poids de ce silence et de cette absence de mouvement : quoi faire, comment s'occuper, comment passer le temps, etc.

Cet air de vacances commence à s'estomper, a être pollué par tout cela. Tout cela semble si loin et pourtant se rapproche.

Il faut rester confiné.

Je ne sais pas ce qui me touche le plus : l'énervement face à l'inconscience des gens (mes chiens viennent d'aboyer comme des fous furieux, devant trois jeunes bras-dessus, bras-dessous, qui se promènent dans la rue), la tristesse face à la détresse des familles qui ne peuvent pas être au chevet de leurs mourants et doivent les laisser partir avec pour seule compagnie, des soignants épuisés, les appels au secours des soignants, à bout de tout (de force, de masques, d'aide) qui doivent sacrifier leurs familles pour assurer leur devoir, et tous les autres : pompiers, policiers, militaires, livreurs, routiers, employés des commerces ouverts, SDF, et j'en oublie certainement.

L'air de vacances a complètement disparu.

Le ridicule ne tue pas, sinon, l'épidémie de ridicule serait dévastatrice. Quoique, est-ce contagieux ? le ridicule ? 

Qu'est-ce qui est ridicule ? Les stocks insensés de pâtes, papier toilette et beurre ? Les gens qui se promènent avec des masques alors qu'ils n'en ont pas besoin ? Ceux qui ont des gants, qu'ils enlèvent pour envoyer un texto et remettent aussitôt après ? La cohue dans les grandes surfaces à l'heure où tout le monde devrait se tenir à plus d'un mètre de son voisin ? Les inconscients qui confondent épidémie et grandes vacances et font des barbecues dans les parcs ? La liste semble sans fin.

Des masques qui manquent aux soignants et sont fièrement arborés par d'autres. Remarquez chers soignants, vous n'en voudriez pas de leurs masques. Certains portent le même depuis le début. 

Je crois qu'il va falloir rajouter un enseignement dans les écoles, et dès le plus jeune âge : les règles de l'aseptie, de la propagation des virus, comment se laver les mains, comment porter un masque, etc.

Le danger est invisible, impalpable. Cela m'a rappelé une video du CICR sur la propagation des particules radioactives en cas d'explosion nucléaire. Les personnes fuyant le lieu de l'explosion emportant avec eux des particules qu'ils déposent dans leur fuite, autour d'eux et sur les personnes qu'ils croisent. Sauf qu'en cas d'explosion nucléaire, tout le monde serait confiné chez lui, fenêtres et portes calfeutrées, dans l'attente d'une autorisation de sortir, une fois la crise finie.

Ce ne sont pas des vacances, mais il faut bien passer le temps en évitant de regarder en boucle les chaînes d'info qui disent tous la même chose, interview les mêmes personnes. Alors autant en profiter pour faire le jardin, classer les dossiers, mettre à jour les fiches, compléter les recherches.

Je me sens tellement inutile. A part rester confinée chez moi et attendre que cela passe, je ne peux rien faire pour aider. Je ne peux proposer aucune aide me faisant sortir : j'ai une petite vieille à la maison à laquelle je tiens infiniment. 

Un seul membre de la famille sort tous les jours, la plus jeune. Elle n'a pas le choix. Elle fait partie des centaines de petites mains qui remplissent les rayons des grandes surfaces et auxquels les clients ne font pas attention. Elle a beau être prudente, se laver les mains, respecter toutes les règles, les clients s'obstinnent à la coller dans les rayons, à lui parler en face à moins d'un mètre de distance, à la toucher pour attirer son attention.

Alors, quand elle rentre, elle fait bien attention à ne pas approcher Mamy. Est-ce que ce sera suffisant ?

J'ai de la chance. Je suis confinée dans une maison avec jardin. Je n'ai pas besoin de sortir dans la rue pour que mes chiens se dégourdissent les pattes. Aucun membre de ma famille n'est touché. J'ai largement de quoi m'occuper. Je ne suis pas seule.

Et je suis dans un des départements français les moins touchés.

Mais ce n'est que la semaine 1.

Prenez bien soin de vous tous. Restez confinés si vous en avez le choix. Si vous devez sortir, respectez bien les règles. Si vous êtes un soignant ou en contact avec des malades, je vous offre tout mon soutien lointain et vous promet de tout faire pour ne pas ajouter à votre fardeau.

 

 

 

 

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