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6 novembre 2018

Challenge AZ - les disparus de Signeulx : E comme Emile Ernest Eloy

Le cas d’Emile Ernest Eloy est un vrai casse-tête, surtout avec des archives fermées, mais avec un peu de ténacité et de logique, le casse-tête peut être résolu.

Emile Ernest Eloy naît le 25 juin 1889, à Montrieux, Loir-et-Cher, à dix heures du matin, chez sa grand-mère, Rosalie Girard, cinquante-sept ans. C’est elle qui déclare la naissance de son petit-fils. Emile Ernest est le fils de sa fille, Marie, domestique, tout juste âgée de vingt ans. Elle est célibataire et, le 15 août suivant, elle reconnaît son fils, à la mairie de Montrieux.

Combien de temps a-t-elle gardé son enfant ? Est-ce elle qui l’a placé en nourrice ? Ou bien l’assistance ?

Je n’ai pas de document sur le sujet, mais au moment de son service militaire, c’est bien sa mère qui est indiquée, comme référente, et non l’assistance publique. Je vais donc partir du principe que c’est Marie qui a placé son fils chez une nourrice.

Comment une simple domestique aurait-elle pu élever son enfant et travailler ?

Sa mère est veuve et visiblement pas en capacité ou disposée à élever son petit-fils. Alors c’est la famille Hervineau, de Montrieux, qui l’élève. En 1891, Alexandre Hervineau, cafetier, et Marie Louise Gauthier, épicière, ont déjà deux enfants, Alice, huit ans, et Gaston, six ans. En 1896, une petite Suzanne est là, née la même année. Emile Ernest reste de nombreuses années dans cette famille, puisque, recensement après recensement, il vit chez eux. En 1906 (dernier recensement accessible en ligne), il y travaille, comme domestique. Si je me fie à ces seuls documents, il est le seul enfant placé en nourrice chez eux.

Enfin, je le suppose, car, excepté dans le premier recensement, dans les suivants, ce n’est pas Emile ou Ernest qui vit avec les Hervineau, mais Marcel. Marcel Eloy, né en 1889 à Montrieux. Le seul Eloy qui nait dans la commune, cette année-là, c’est Emile Ernest.

Mais pourquoi changer son prénom ? Pour le différencier de son oncle, Emile Eloy ?

En 1906, son oncle est marié et vit avec sa femme et son premier enfant ; sa grand-mère vit seule ; tous dans la même commune. Où est sa mère ? A la ville pour gagner de quoi payer la pension de son fils ?

D’abord ajourné, en 1910, pour faiblesse, Emile Ernest est incorporé au 153e régiment d’infanterie, le 5 octobre 1910. Il est libéré, après son service militaire, le 25 septembre 1912, mais, comme tous les hommes en âge de sa battre, il est rappelé à l’activité par le décret de mobilisation générale.

Il intègre le 113e régiment d’infanterie, le 3 août. Le 5, il part, avec son régiment, vers la frontière belge, vers Signeulx. Le 22 août 1914, c’est la bataille de sinistre mémoire pour le 113e régiment d’infanterie.

Emile Ernest Eloy est porté disparu, le 22 août 1914. Mais son feuillet matricule n’est pas aussi précis ou imprécis. Il indique qu’il a été tué à l’ennemi, le 21 ou le 22 août, d’après l’avis du 14 mars 1916, n°5119. Le journal de Marche du régiment, lui, est formel : il est porté disparu le 22.

Comme pour ses frères d’arme, portés disparus et qui ne sont jamais revenus, il faut un jugement déclaratif de décès, pour établir son acte de décès. Le jugement est donné par le tribunal civil de Romorantin, le 3 avril 1920 (acte détruit).

Et maintenant, deux choses étonnantes apparaissent à l’étude de son dossier.

La première : sur le livre d’or de la commune de Montrieux, il est bien indiqué Emile Ernest Eloy, mais, sur le monument aux morts, il est écrit Marcel Eloy, le prénom sous lequel tout le monde le connaissait. Il en est de même sur la plaque apposée dans l’église.

https://www.geneanet.org/gallery/?action=detail&id=149891&individu_filter=AUBERT&rubrique=monuments

 

La seconde : une mention marginale, apposée sur son acte de naissance, renvoie à un acte de reconnaissance par sa mère, à la mairie de Montrieux, le 15 août 1919 !!

Pourquoi, alors qu’elle l’a déjà reconnu en 1889, le reconnait-elle, une deuxième fois, trente ans plus tard ? Juste avant le jugement déclaratif de décès. Pour pouvoir obtenir une pension, comme ascendant d’un Mort pour la France ? Mais pourquoi une deuxième fois ?

Parfois, nous ne trouvons pas de réponse dans les archives et nous restons avec nos questions.

Le nom d'Emile figure sur la liste des soldats français morts les 21 et 22 août 1914, dressée par le curé de Signeulx et le bourgmestre de Mussy-la-Ville. Mais il n'y a pas d'indication sur l'endroit où il a été inhumé.

Le corps d’Emile Ernest ou Marcel, n’a pas été retrouvé. Il reste un disparu de Signeulx.

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