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Le blog d'une généalogiste
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18 mars 2020

A toute chose malheur est bon

"A toute chose malheur est bon" est une petite règle qui se promène dans nos vies et dont nous constatons souvent la réalité, même si ce n'est pas immédiat.

teletravail

La France est confinée, enfin, la très grande majorité des français, les non-essentiels à la santé et à la sécurité et à l'approvisionnement.

Confiné, veut dire "rester chez soi" pour ne pas diffuser le truc-virus et protéger les plus fragiles.

Pour certain, savoir quoi faire ne vas pas poser de problème : télétravail, enfants à gérer, classe à l'école, rattraper son retard de série TV, vider les piles de livres en retard, skyper à fond avec les potes-familles à l'autre bout de la France (ou du quartier, ou de l'immeuble).

 Pour les généalogistes, j'entends d'ici les petites voix légèrement honteuses dire "enfin, je vais pouvoir faire ma généalogie non stop sans remord puisque je n'ai rien d'autre à faire". Légèrement honteuses parce que nous sommes quand même dans une crise sanitaire grave. D'où le titre de mon article.

Non, je ne vais pas vous parler du truc-virus, il y a plein de spécialistes et de non-spécialistes qui en parlent à longueur de journée sur tous les réseaux de communication existants

Je vais vous proposer des trucs à faire pour vous sortir de votre généalogie et de vos recherches habituelles.

Je vais vous proposer d'utiliser le temps accordé par une crise grave, pour faire des recherches sur une autre crise grave : la guerre de 1870.

Cette année, nous commémorerons les 150 ans de ce préambule à la première guerre mondiale. Il est donc temps de s'y intéresser.

 Une des difficultés, pour recenser les militaires morts durant cette guerre, est l'absence de monuments aux morts nominatifs, dans les communes, contrairement à 14-18. Il n'y a pas de livre d'or.

Autre difficulté, beaucoup sont décédés sur le champ de bataille et inhumés à la va-vite sur place, sans être identifiés. Ils n'ont pas d'acte de décès, et s'ils en ont, ils sont souvent marqués "inconnu". Parfois il y a mention d'un régiment, mais pas toujours. 

 Troisième difficulté, les registres matricules sont sommaires, beaucoup ne mentionnent pas les régiments, les décès, etc. Et surtout, ils n'existent qu'à partir de la classe 1867. Or, lorsque la guerre est déclarée, les hommes en service actif sont des classes 1863 à 1868. Ils sont bien sur les registres de conscription, mais ceux-ci sont rarement complets. 

Quatrième difficulté : les célibataires et veuf sans enfant ont été mobilisés dans la garde mobile, sauf que les registres de la garde mobile sont rarement mis en ligne par les AD. Pourtant, les mobiles ont payé le pris fort durant cette guerre.

Cinquième difficulté : les militaires morts étant, à quelques exceptions près, tous célibataires sans enfant, ils n'y a eu que peu de jugement déclaratif de décès. Ces derniers avaient lieu à la demande de la famille, souvent pour régler des successions.

Sixième difficulté : beaucoup de soldats blessés ou malades ont été renvoyés chez eux et y sont décédés, sans pour autant être enregistrés comme morts des suites de la guerre.

Septième difficulté : les gardes sédentaires, hommes mariés ou célibataires et veuf plus âgés que les mobiles, avaient pour charge de défendre la commune. Ils ont également été victimes de la guerre.

Huitième difficulté : les civils. Dans les zones occupées, beaucoup de civils ont été tués, lors des combats, des prises d'otages, des fusillades. Leur acte de décès est dénué de toute mention permettant de dissocier le père Gontier, 74 ans, et le père Dupont, 76 ans, morts dans la commune, chez eux. Pourtant, l'un d'eux a été abattu dans la rue en fuyant l'arrivée des Uhlans et le second d'une crise cardiaque en entendant tonner le canon.

 Vous l'avez compris, travailler sur la guerre de 1870 est autrement plus compliqué que de travailler sur la première guerre mondiale. Pourtant, une bien plus grande partie du territoire a été occupée.

Que pourriez-vous faire depuis chez vous ? 

Une première étape serait de dépouiller, ville par ville, tous les morts des communes, entre le début de la guerre et 1874.

Vous aurez trois types d'acte de décès :

  • les militaires morts dans la commune (lors des combats ou dans les ambulances et hôpitaux situés sur la commune dépouillée),
  • les transcriptions des actes de décès des hommes de la commune, morts au loin (lors des combats ou dans les ambulances et hôpitaux) et
  • les actes de décès des civils (n'ayant pas d'indication particulière de régiment ou de fait de guerre).

Pour le premier cas, il suffit de prendre la période de la guerre au sens strict, du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871. En fait, il faut rechercher un peu plus loin, pour les soldats morts des suites de maladie ou de leurs blessures, dans les hôpitaux, après la fin de la guerre. Donc, rajoutons au moins six mois.

Pour le second cas, il faut aller jusqu'en 1874, pour laisser aux familles le temps de demander un jugement déclaratif de décès qui sera retranscrit dans la commune de décès.

Pour le troisième cas, c'est plus compliqué. Vous aurez, d'une part, les morts de la commune durant les combats et l'occupation, hommes et femmes, adultes et enfants. Cela permettra une comparaison avec les années précédentes et suivantes, car la guerre a aussi amené des maladies très contagieuses.

Cela permettra également de trouver les personnes déplacées, mortes dans une commune qui n'est pas la leur mais où ils ont trouvé refuge, en fuyant l'avancée des troupes ennemies.

Cela permettra également de recenser les hommes morts dans la commune, en âge de combattre pour pouvoir ensuite les rechercher dans les registres de l'armée.

Donc, un premier dépouillement des morts par commune et par département, permettrait d'avoir une base de travail, et cela, peut se faire en ligne.

Intégré sur Memorial41 grâce au logiciel Expoacte, cela donne cela :

Capture Memorial41

 

Capture Memorial41-2

Si les registres matricules de l'armée active et de la garde mobile sont en ligne, vous pouvez aussi les dépouiller. Parce qu'après tout, et heureusement, ils ne sont pas tous morts.

Capture Memorial41-3

Si la presse locale est en ligne, vous pouvez aussi la dépouiller, pour la période de la guerre. Vous y trouverez des anecdotes, des faits de guerre locale, à croiser avec l'état civil.

Vous en voulez encore ?

Pourquoi ne pas rechercher sur gallica si la garde mobile de votre département n'a pas été mise à l'honneur dans un ouvrage, avec, pourquoi pas, des noms à rechercher dans l'état civil.

Vous voyez, le confinement n'y suffira pas, mais c'est un bon début.

 

Que faire de vos dépouillements ? Soit vous me les confiez et je les mettrai sur www.memorial41.fr, soit vous les mettez sur geneanet ou autre, pour qu'ils puissent être facilement retrouvés.

A discuter

 

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Commentaires
J
Bonjour,<br /> <br /> Je vois que je ne suis pas la seule à avoir constaté cette "pénurie" d'informations numérisées sur les soldats de 1870-1871. J'avais espéré, avec le 150ème "anniversaire" de la déclaration de guerre, qu'un mouvement se dessinerait, du côté du SHD par exemple. Mais rien, rien de rien. Quand j'ai constaté que sur "Mémoires des Hommes", on passe allègrement des troupes de Napoléon à 1914-1948, j'ai pensé que j'avais loupé quelque chose. Je n'ai rien loupé, il n'y a rien. Rien sur les soldats, rien sur les Journaux de Marche des Régiments. Désespérant. Car ces documents existent. Et pas seulement pour les officiers. Quand on en trouve, sur un département, c'est un vrai bonheur. J'avoue que je suis en colère. Pourquoi ces hommes n'ont-ils pas droit aux "honneurs" du numérique ?
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