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2 novembre 2020

B comme les frères Baranger de Lassay-sur-Croisne

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Jean Pierre Baranger et Louise Chevet se marient à Lassay-sur-Croisne, le 18 juin 1836. Ils s’installent dans la commune où ils vont avoir huit enfants, dont six vont atteindre l’âge adulte. Les deux aînés, Louise Silvine, née en 1836 et Pierre, né en 1838, disparaissent des recensements. Je n’ai pas trouvé leur décès dans la commune. Il est probable que Pierre soit mort en bas-âge, son prénom ayant été redonné au fils né en 1844. Mais je n’ai que les tables décennales, parfois erronées pour travailler, les registres d’état civil étant manquants.

La famille n’est pas aisée. Les parents sont journaliers, et les enfants sont très vite envoyés travailler dans les fermes alentours, avant même d’avoir dix ans.

La famille se compose de quatre garçons et quatre filles. L’aîné des garçons vivants, Pierre, né neuf ans après le mariage de ses parents, en 1844, est le cinquième de la fratrie. Le second, Joseph Marie, né en 1847, est le sixième. Le petit dernier, Pierre François, naît en 1854.

Il a tout juste quatre ans lorsque le père décède, le 4 mars 1858. Louise Chevet reste seule à élever ses enfants. L’aide et le travail de ses derniers lui sont nécessaires pour vivre.

J’ignore si l’aîné des garçons, Pierre, de la classe 1864, a fait son service militaire, peut-être a-t-il été exempté, comme fils aîné de veuve. Joseph Marie, de la classe 1867, pour sa part, est exempté du service pour cause de difformité de la jambe gauche.

En 1868, la deuxième fille, Marie Henriette se marie avec Pierre Germain. Ils sont tous les deux journaliers et ne peuvent aider la mère à subvenir à ses besoins, d’autant qu’un petit garçon naît dans le foyer, Auguste Valery, le 26 janvier 1870.

Et la guerre éclate.

En août 1870, Pierre s’engage au 50e de ligne, pour la durée de la guerre. Il part le 20 et arrive au corps, le 22, en garnison à Langres. Il a vingt-six ans. Il ne reste que Joseph Marie pour aider la mère, non seulement pendant la guerre, mais également après.

Le 30 décembre 1870, Pierre meurt de phtisie pulmonaire causée par les fatigues de la guerre. A combien de combats a-t-il participé ? Beaucoup de soldats du 50e mourront de froid, sur le champ de bataille. Lui mourra à l’hospice Saint-Laurent de Langres.

Quand la nouvelle de sa mort est-elle parvenue à la famille ? Langres est assiégée. L’acte de décès ne sera transmit à la commune de Lassay-sur-Croisne, qu’en 1873.

Le 12 janvier 1871, malgré son infirmité, Joseph Marie est appelé sous les drapeaux, comme garde mobile. Il n’est pas répertorié sur les registres des mobiles de sa classe.

Joseph part à Valognes, dans la Manche, avec son contingent. Il ne supportera ni les marches forcées, il a une jambe difforme, ni le temps glacial de cet hiver. Il entre à l’hôpital de Valognes, le 2 février et y décède le 10, d’une mauvaise bronchite.

La famille n’en a pas encore fini avec le malheur. Le gendre, Pierre Germain, décède, à l’âge de trente ans, le 28 mai 1871, à Cellettes.

Louise Chevet, à soixante ans, se retrouve seule avec ses filles, et son plus jeune fils, âgé de dix-sept ans, et un petit-fils d’un an. Elle n’a plus la force physique de faire des gros ouvrages, et, le 6 décembre 1871, elle demande un secours auprès de la préfecture, comme mère de deux fils morts en temps de guerre, mère de sept enfants. Il est probable qu'elle a ajouté son petit-fils à la liste de ses enfants.

Six mois plus tard, elle vit toujours à Lassay, seule avec son fils, Pierre François. Ses filles vivent ensemble, quelques maisons plus loin, avec le petit-fils.

Les deux frères Baranger n'auraient pas dû partir à la guerre, soutien de famille et infirme. Pourtant, par choix ou convocation, ils sont partis loin de leur village, pour mourir, l'un à l'Est, l'autre à l'Ouest, tués par cette guerre. Leurs corps reposent en terre "étrangère", bien loin du cimetière de Lassay. 

LettreB

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