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21 novembre 2019

Faits divers du Loir-et-Cher : R comme en Ribotte

La Ferté-Imbault

Pour la lettre R, nous nous rendons en Sologne, à La Ferté-Imbault, à la fin de l’hiver.

Le 12 mars 1863, Modeste Langlois et Felix Chamoreau, gendarmes à cheval à la résidence de Salbris, reçoivent une lettre du maire de la Ferté-Imbault. Un cadavre vient d’être trouvé sur le chemin qui mène à la ferme de la Jonchère, à un kilomètre environ du bourg de cette commune.

La Ferté-Imbault-cadastre

Arrivés sur place, les gendarmes trouvent le corps sans vie d’un homme, vêtu d’un chapeau en feutre blanc à forme ronde, d’une cravate en soie rouge, d’une chemise en toile blanche, d’une blouse bleue en coton, d’une veste en drap noir, d’un gilet de coton, de deux pantalons, l’un en coton bleu et l’autre en laine gris de fer, chaussé de gros souliers en assez bon état. Un sac en toile grise se trouve près de lui.

L’examen du corps et des alentours ne permettent pas de croire à un crime.

L’homme ne présente aucune lésion extérieure. Il mesure 1.65 m, environ, sa barbe et ses cheveux sont blancs, son front est découvert, son nez épaté, sa bouche moyenne, son visage est ovale, son teint est coloré.

Mais rien n’indique son identité. Il n’a aucun papier sur lui, ni argent.

Le juge de paix présent sur les lieux, donne l’ordre de le transporter au bourg, dans une chambre. Il devra être inhumé par le maire, dans les délais prescrits par la loi.

Qui est donc cet homme ? D’après ses vêtements, ce n’est pas un vagabond.

Les gendarmes continuent leurs investigations en interrogeant d’abord le maire. Ce dernier se rappelle avoir vu la victime, la veille, vers six heures du soir. Elle sortait de l’auberge du sieur Pressoir (cela ne s’invente pas un tel nom), et paraissait en ribotte.

C’est quoi cela ? Ribotte ? Cela veut tout simplement dire qu’il était saoul. Quittant l’auberge, l’homme s’est dirigé vers la ferme de la Jonchère.

Une heure plus tard, Etienne Millet, soixante-douze ans et Henry Courcelles, trente-trois ans, tous deux journaliers à la Ferté-Imbault, rentrant chez eux après leur travail, le trouvent en situation très inconfortable.

Il est tombé en travers d’un fossé rempli d’eau. Les deux hommes le retirent du fossé, l’aident à se relever et tentent de le conduire à la ferme de Rotère, à cinq cents mètres de là, mais l’homme refuse. Il veut aller à la ferme de la Jonchère.

Les deux bons samaritains l’accompagnent donc sur une centaine de mètre, l’aident à traverser un petit ruisseau et le laissent dans la bonne direction.

Ce sont eux qui, le lendemain, en retournant travailler, l’ont trouvé, face contre terre, sur le chemin, mort. Le plus âgé est reparti vers la Ferté-Imbault, prévenir le maire, tandis que son compagnon veillait le cadavre.

Pour en savoir plus sur l’inconnu, les gendarmes vont interroger l’aubergiste, Pressoir. L’alcool délie les langues et rien de mieux qu’un aubergiste pour récolter les potins.

C’est une bonne pioche. L’homme a raconté sa vie, du moins en partie. Il a dit s’appeler Jean Baptiste, avoir soixante-douze ans, avoir habité autrefois Vierzon et Romorantin. Il aurait ajouté que si la mort venait le frapper, il serait bien débarrassé de la vie, n’ayant plus aucun moyen d’existence. Et cela s’arrête là.

Les gendarmes ont terminé leurs investigations. Ils transmettent leur rapport au procureur impérial à Romorantin et au commandant de la gendarmerie de l’arrondissement.

Si quelqu’un a perdu un de ses ancêtres prénommé Jean Baptiste, né vers 1809, ayant vécu à Romorantin et Vierzon, il est là, enterré au cimetière de la Ferté-Imbault.

Une question me taraude quand même. Pourquoi voulait-il à tout prix aller à la ferme de la Jonchère ? Si les gendarmes y sont allés poser des questions, ce n’est pas dans leur rapport.

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