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24 novembre 2020

U comme les deux "U" du jour

La lettre U pose un problème. Pas un seul U dans mes dossiers de secours aux familles, pas de U non plus dans les classes 1867 à 1870.

Je fais donc défiler mes bases de données sur le Loir-et-Cher, et je ne trouve que deux « U » :

  • Jean Uchan, natif de Ourde, dans les Hautes-Pyrénées, vingt-deux ans, fils de Jean Uchan et Dominiquette Compain, garde mobile des Hautes-Pyrénées, 3e bataillon, 4e compagnie, qui décède à l’hospice de Blois, le 19 octobre 1870.
  • Ernest Urban, né en Prusse, militaire, mort à Morée, le 13 janvier 1871, en la maison de l’hôpital, à sept heures du soir.

C’est maigre.

Je ne sais pas de quoi sont morts ces deux soldats. Sont-ils morts de leurs blessures ? De maladie ? De maladie contractée alors que l’on soignait leurs blessures ?

Si je n’ai pas la réponse pour Jean, il est probable que Ernest ait été blessé au combat des 14-16 décembre à Morée. Une chose est certaine, il n’a pas été enterré sur le champ de bataille, comme l’ont été ses camarades de combat. Il y avait une cinquantaine de tombes disséminées sur le territoire de la ville, en plus de celles dans le cimetière. En 1880, les restes de 115 français et 21 allemands sont déplacés, dans le cimetière de Morée, pour y reposer dans un carré militaire, un carré français et un carré allemand.

Sur les Archives Départementales des Hautes-Pyrénées, il n’y a pas beaucoup de renseignements sur Jean Uchan, à part qu’il était terrassier à Gailliagos, mesurait 1.56 m, avait les cheveux noirs et les yeux châtains, le teint coloré, et qu’il a été pris bon pour la mobile, le 2 juin 1870.

Et une recherche un peu poussée ne m’a pas apporté beaucoup de renseignements sur la garde mobile des Hautes-Pyrénées. Tout juste qu’elle a rejoint l’armée de la Loire, et mais rien sur son bataillon.

Quant à Ernest Urban, c’est encore pire : pas de filiation, pas de lieu de naissance, pas de régiment. C’est juste un soldat prussien venu mourir à Blois, bien loin de chez lui. C’est d’ailleurs le cas de Jean. Ces deux hommes sont partis loin de chez eux pour combattre dans un pays ou une région inconnue, y mourir et y être enterrés.

Je gage de Jean est là

P1130911

 

Morée-Allemand

Ernest, quant à lui, est inhumé dans une tombe collective du carré militaire de Morée, carré de sépulture 1, rang de sépulture 1, numéro de sépulture 1.

Le liste de mémoire des hommes ajoute qu’il est « non mort pour la France ». Je ne suis pas d’accord.

Il est mort pour conquérir la France. Je préfère l’appellation : « non mort au nom de la France », ou au moins pourrait-on écrire « mort pour l’Allemagne ».

A l’époque, bien peu de personne avait les moyens de faire rapatrier le corps de son enfant, et l’armée ne se souciait pas de ce genre de contingence.

Cela changera avec la première guerre mondiale.

Mes deux « U » ont eu le droit à un acte de décès. Ce n’est pas le cas de tous les hommes tombés dans cette guerre.

Sur les 136 soldats inhumés dans le cimetière de Morée, seuls soixante-huit français et cinq allemands ont un acte de décès.

La très grande majorité des français sont morts de la variole, la variole noire.

Pour l’heure, mes deux « U » du jour reposent en paix, du moins je le leur souhaite, dans un département qu’ils n’ont connu que pour y mourir.

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