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30 octobre 2017

Le destin de Jeanne Marie - premiers chagrins de femme

Reine-Blanche - trois-mats

Jean Marie Germain Charlot est Terre-neuvas. En mars 1906, il s'embarque pour Terre-Neuve à bord du trois mats « Georges René ».  Jeanne Marie attend leur premier enfant. Il ne le verra jamais. A-t-il seulement su qu'il allait être père ?

Le 11 septembre 1906, elle met au monde une petite fille, Lucienne Marie Joseph.

Alors que le « Georges René » quitte les bancs de Terre-Neuve pour rentrer en France, le 11 octobre 1906, une voie d’eau se déclare à bord.

Pendant huit jours et huit nuits, les marins et leur capitaine tentent de pomper l’eau, sans succès. Le neuvième jour, ils évacuent à bord des doris. Le « Georges René » sombre peu de temps après. Un malheur ne venant jamais seul, le mauvais temps éparpille les doris à bord desquelles l'équipage s'est réfugié. Jean Marie Germain a pris place avec trois autres marins, Marie-Ange Bouillon, maître d'équipage, Auguste Bitou et le matelot Henry. Les doris sont sensées être équipée d'un baril d'eau douce et de nourriture. Le baril est bien là, mais il est vide.

Alors commencent des douleurs sans nom. Torturés par la soif, transis de froid, mouillés jusqu'aux os, le sixième jour, ils voient une bouteille qui flotte sur la mer. Il l'attrapent et sans trop regarder ce qu'elle contient, en boivent le contenu. Par bonheur, c'est du quinquina ; mais il y en a si peu ! Vingt centilitres tout au plus pour quatre.

Les jours passent et ils ne rencontrent aucun navire. Une tempête casse leur mât et arrache leur voile. Mais c'est surtout la soif qui leur cause le plus de souffrance. Être entouré d'eau et ne pouvoir en boire. Le maître d’équipage recommande à ses hommes de ne pas boire d'eau de mer. Mais la soif est trop intense et deux d'entre eux cèdent à la tentation. Naturellement, plus ils en boivent, plus ils ont soif. Dans un accès de folie, l'un d'eux, Henry, se jette à l'eau. Le deuxième tente d'en faire autant, mais reste accroché par ses vêtements à l'un des tolets du doris, c’était Jean Marie Germain.

A chaque mouvement de l'embarcation, sa tête trempe dans l'eau. Les deux marins restant mettent trois heures pour le retirer de là, tellement ils sont épuisés. Depuis ce moment, il reste au fond du doris sans qu’ils puissent rien faire pour lui. Ils restent ainsi onze jours sans boire ni manger et complètement mouillés.

Enfin, une nuit, ils aperçoivent le feu d'un navire ; ils trouvent assez de force pour ramer vers lui, mais leurs cris ne sont pas entendus. Alors, désespéré, ils se préparent à mourir quand ils voient le trois mats « Reine Blanche ».

Nous sommes le 23 novembre 1906, il est six heures du matin. Il fait à peine jour. L'officier de quart, le second Jean Arzul, inscrit à Paimpol,n°162, entend des cris. Il cherche sur la mer, voit la doris. La cloche d'alarme sonne à toute volée "un canot droit devant". Il était temps. Ils réussissent à manoeuvrer la "Reine Blanche" avant qu'elle ne coupe en deux le Doris. Le canot frôle le navire, ils lancent une corde, mais les survivants n'ont plus la force de bouger. Un marin descend alors dans le Doris et attache deux hommes avec un bout. Ils sont remontés à bord. Ils ne parlent pas, ne bougent pas. A peine arrivés sur le pont, ils s'évanouissent d'épuisement.

Le capitaine Louis Gautier, sur son journal de bord, raconte les évènements.

Le marin descendu dans le canot touche une masse informe du pied, au fond. Il tâte et se rend compte que c'est un homme. Il est remonté à bord à son tour mais ne donne pas signer de vie. Puis, au bout de quelques instant, il exhale une plainte.

Les deux autres sont revenus à eux. Ils sont conduits à la cuisine. Là, les marins leur donnent des vêtements de leurs propres coffre. Ils sont trempés jusqu'aux os. Dans le doris, le capitaine trouve une statue incomplète de la Vierge, les jambes sont manquantes. Le maître d'équipage lui assure que c'est grâce à elle s'ils sont en vie. Il lui raconte également qu'un an avant le naufrage, jour pour jour, alors que le "Georges René " était en danger, le capitaine avait fait un voeu et qu'il ne l'avait pas tenu. C'est pour cela qu'un an après, la mer ou le bon Dieu a pris son du. Lui, Marie Ange Bouillon, tiendra ses voeux. Il ne retournera jamais à Terre-Neuve et ira faire un pellerinage pieds nus et tête nue, à Notre Dame de Nazareth.

Malheureusement, Jean Marie Germain, qui gisait dans le fond du doris meurt dans l'après-midi du jour où ils ont été recueillis par la « Reine Blanche ».


Son corps est immergé au nord des Açores par 44°15' nord et 27°45' ouest.

Terre-neuve-France

Quel a été le sort des autres marins du "Georges René" ? Cinq marins ont été recueillis par le morutier fécampois Etoile de Mer et débarqués à Fécamp, douze dont le capitaine Bourdin par la goélette danoise Gemma, débarqués à Gibraltar et ramenés à Marseille par le cargo Tell le 13 novembre.

Les deux survivants recueillis par la "Reine Blanche" sont débarqués à La Pallice le 2 novembre.

La nouvelle arrive alors à Pleboulle : Jeanne Marie, vingt-deux ans, se retrouve veuve, avec une petite fille qui ne connaîtra jamais son père.

 

PS : merci à Mengam du forum http://pages14-18.mesdiscussions.net/ une preuve s'il en est besoin que ce forum ne doit pas disparaître.

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