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28 février 2020

2 décembre 1959, 21h13

Malpasset

Le challenge UPro-G de février porte sur une catastrophe climatique.

Exceptionnellement, je ne vais pas vous parler d'une catastrophe trouvée dans les archives, mais d'une catastrophe plus récente, liée aux erreurs de l'homme, souvenir de mes années de fac : une des plus grandes catastrophe civiles du XXe siècle, en France métropolitaine.

Durant la deuxième quinzaine de novembre 1959, 500 mm d'eau tombent en l'espace de dix jours dans la région de Frejus. Le sud de la France est habituée à ces épisodes pluvieux intenses appelés épisodes méditerranéens. Ils provoquent régulièrement des inondations. Le 2 décembre, la région reçoit 130 mm de pluie en 24 heures.

C'est trop, beaucoup trop pour le lac de retenue du barrage de Malpasset. 

 

Mes profs, dans un sinistre jeu de mots, l'appelaient, le barrage Malplacé. Je ne m'étendrai pas sur les défauts géologiques et technique du barrage, juste sur les conséquences.

Le lac de retenue, en amont du barrage, fait 4 km de long sur 300 mètres de large et contient 50 millions de mètres cubes d'eau. La crue du lac est amorcée.

En temps normal, le niveau de l'eau est à dix mètres sous la crête du barrage. En 24 heures, il monte de 4 m. Fin de la catastrophe climatique et début de la catastrophe humaine.

Pour ne pas risquer d'endommager un chantier en aval, l'excédent d'eau du barrage n'est pas déchargé, et l'eau continue à monter. Lorsque la décharge est ordonnée, à 18h, il est trop tard.

A 21h13 exactement, l'eau force l'ouvrage de l'homme et rompt le barrage. Les cinquante millions de mètres cubes d'eau s'abattent sur les terres en aval, ravageant tout sur leur passage.

Vous imaginez un torrent en furie dévalant les pentes et entraînant sur son passage, ce qui traîne sur les bords de l'eau ?

Regardez plutôt ce mur d'eau de 40 à 50 mètres de haut qui avance vers la plaine à la vitesse de 70 km/h. Il n'y a aucun système d'alerte des populations.

Le mur d'eau ralenti et diminue à mesure qu'il s'éloigne du barrage en ruine, mais pas assez. Lorsqu'il atteint le chantier qu'il fallait protéger, il fait encore 30 m de haut et avance à 50 km/h. Il ravage tout sur son passage, tuant les ouvriers présents, se reposant dans leurs baraquements, après une longue journée de travail.

Ils sont les premières victimes, pas les dernières.

Plus bas, dans la vallée, il y a une jolie petite ville, Frejus.

A mesure qu'il avance, le mur d'eau diminue en hauteur et en vitesse, mais il se charge de terre et de débris, devenant une gigantesque vague de boue meurtrière.

La cinquantaine de fermes de la vallée est emportée avec ses habitants. 

21h35, soit 22 minutes après la rupture du barrage, la vague ne fait plus que 12 m de haut. Elle inonde et ravage le parc EDF, plongeant toute la région dans l'obscurité. Les habitants de Frejus ne se doutent de rien. La plupart est devant la télé, à regarder la piste aux étoiles. Nous sommes en décembre, il fait nuit et la lumière vient de s'éteindre dans toute la ville.

Le mur ne fait plus que 10 m de haut lorsqu'il est bloqué par les talus du chemin de fer. Cela n'arrête pas la furie de l'eau, mais la canalise droit vers la ville, sur l'avenue de Verdun où elle éventre les maisons.

Elle se répand dans la ville, arrachant tout sur son passage.

Le talus de chemin de fer  est enfin débordé par l'eau, qui envahit le reste de la ville jusqu'à ce qu'elle ait atteint la mer.

Mais avant cela, elle ravage la base aéronavale, emportant des avions dans sa course folle et les militaires qui s'y trouvait. Elle emporte également les voitures circulant sur la nationale, et une micheline arrachée à ses rails avec ses passagers.

Une zone de près d'un km de large a été ravagée par cette vague gigantesque.

Les rescapés se cramponnent aux toits sur lesquels ils ont réussi à se hisser, aux arbres en haut desquels ils se sont réfugiés, en attendant des secours qui mettront des heures à parvenir jusqu'à eux.

Le bilan humain est terrible : 423 personnes, dont 135 enfants, ont perdu la vie dans ce qui a commencé par être, un évènement climatique habituel.

Beaucoup de victimes ne sont pas identifiables. Elles sont vêtues de vêtements de nuit, sans rien pour les identifier. Alors les corps sont placés dans les écoles de la commune où les habitants défilent, à la recherche de leurs proches disparus.

 

La rédaction des actes de décès prendra des semaines, d'autres corps étant retrouvés bien après.

A ce jour, 27 d'entre eux sont toujours non identifiés.

 

 

Ce qui a commencé comme un catastrophe météorologique, s'est achevé en un effroyable drame humain.

C'était les débuts de l'ORTF et des reportages, qui ont laissé une trace d'archives nouvelles permettant de mettre des images et des visages sur l'histoire.

Ce sera aussi cela, la généalogie, dans les années à venir : rechercher dans les archives de l'INA, des traces de nos ancêtres et des catastrophes qui ont jalonné leurs vies. Une autre manière de travailler, de nouvelles sources, de nouveaux outils. 

 

EXCLUSIF CANAL.D Les fantômes de Malpasset : Visages retrouvés des premières victimes

Le 5 décembre 2017 58 ans après la plus grande catastrophe civile qu'ait connu la France, des documents nouveaux apparaissent : Une bobine de film 16 mm retrouvée au fond d'un placard révèle des visages jusqu'alors inconnus des toutes premières victimes de la catastrophe de Malpasset.

http://canal-d.tv

 

 

 

 

 

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