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28 février 2021

Quand la montagne des Roches s'écroule sur le village

Pour le second challenge de l'année d'UPro-G, il fallait traiter d'un acte de courage. J'ai choisi celui de Jacques Brisset.L'évènement s'est produit dans le bourg des Roches, actuellement les Roches-l'Evêque.

Les Roches l'Evêque

Le 4 mars 1866, Louis Potelouin, cinquante-cinq ans, vigneron aux Roches-l’évêque, se trouve dans sa cave où il conserve son vin. Dix-huit pièces de vin rouge et blancs. La cave, qui comporte plusieurs compartiments, lui sert aussi d’habitation de jour, et elle est meublée. Outre le vin et les meubles, une cuve, des outils sont rangés dans la cave. A l’entrée, une étable est installée où se trouve une vache et une chèvre. Sa femme, Marie Guettier, et un de ses fils sont avec lui, ce jour-là.

Dans la cave voisine, Louis Vigneau, soixante-dix-neuf ans, est également présent, en train d’empiler des bouteilles tout au fond. Sa cave ne contient que trois pièces de vin et divers objets mobiliers.

Le bourg des Roches est situé le long du Loir, niché entre ce dernier et un coteau truffé de caves troglodytes.

Les Roches l'Evêque-2

La pluie tombe depuis quelques temps déjà et a fragilisé la roche. 

Le Loir - 1866

A trois heures du soir, une masse considérable de roches et de terre se détache de la « montagne » des Roches, dans la partie située au centre du bourg et écrase les deux caves, ensevelissant tout ce qui s’y trouve.

Un passant qui se trouvait dehors, voyant le début de l’éboulement, a crié pour prévenir du danger. Louis Potelouin a à peine le temps de sortir de sa cave avec sa femme et son fils avant qu’elle ne soit recouverte par l’éboulement. Ils y gagnent la vie mais perdent tout le contenu de leur bien, ainsi que les bêtes, écrasées par les tonnes de roche et de terre.

Louis Vigneau, n’a pas leur chance. Il est au fond de sa cave lorsque l’éboulement se produit. Il n’a que le temps de se réfugier sous l’écrou de son pressoir.

Un fois l’éboulement terminé, il n’y a plus qu’un mètre de distance entre lui et les tonnes de roche, et plusieurs mètres entre lui et la sortie. Il est piégé au fond de sa cave.

Les habitants alertés par les cris, arrivent sur les lieux du drame.

Jacques Brisset, cantonnier sur la route départementale n°5, habitant au hameau de la Cochonnerie, à Saint-Rimay, et Levieuge Brideau, journalier habitant à la Pointe, commune de Montoire sont là aussi.

Très vite, malgré le danger, car la roche n’est pas stable et qu’un nouvel éboulement peut arriver, d’un moment à l’autre, les deux hommes se précipitent au secours de Louis Vigneau.

Dans sa chute, la roche, en écrasant les caves, a découvert une crevasse d’environ cinq à six mètres de profondeur donnant dans la cave de Louis Vigneau. Par ces appels, les secours ont su qu’il était vivant.

Mais la crevasse n’est pas large. Jacques Brisset, quarante ans, cantonnier sur la route départementale n°5, habitant Saint-Rimay est là, avec ses outils. Malgré le danger, le terrain n’étant pas stabilisé, il réussit à descendre dans la cave à l’aide d’une corde, en se frayant un passage dans la crevasse à l’aide d’une pique pour entailler la roche et élargir l’ouverture.

Après maints efforts, il parvient à rejoindre le vieil homme, miraculeusement indemne. Attachés à la corde, hissés par les autres sauveteurs, les deux hommes réussissent à ressortir.

L’éboulement a envoyé d’énormes débris sur une superficie de dix-sept mètres carrés. Un passage public qui longe l’éboulement doit être interdit, les autorités craignant un autre éboulement.

Cette catastrophe tient du miracle : personne n’a été blessé et les seuls dommages sont financiers.

Mais les pertes sont lourdes pour les deux propriétaires des caves. Louis Potelouin a perdu tout son avoir, conservé dans sa cave, d’une valeur de 1500 francs. Louis Vigneau, pour sa part, a perdu l’équivalent de 200 francs.

En reconnaissance de son courage, le maire des Roches demande au préfet une récompense pour Jacques Brisset.

Jacques Brisset, âgé de quarante ans, est marié à Rosalie Moreau, et a trois enfants à charge, trois filles, Clémentine, quatorze ans, Zeliska, neuf ans et Angélina, six ans.

La situation financière de ce dernier n’est pas brillante, alors le maire réclame pour lui une gratification financière, plutôt qu’une médaille de bravoure.

Quelque temps plus tard, la famille Brisset va s’installer dans le bourg des Roches-l ’Evêque. C’est là que Jacques décèdera, trente-deux ans plus tard, à l’âge de soixante-douze ans, toujours cantonnier.

Pour les deux rescapés des caves, bien qu’ils n’aient pas le même âge, ils vont décéder la même année. Ils vont mourir, le premier, Louis Poteloin, le 15 janvier 1871 et le second, Louis Vigneau, le 6 février 1871. Ils sont morts à trois semaines d’intervalle, pendant la guerre, mais, à priori, pas de la guerre. C’est comme si la faucheuse leur avait accordé un sursit de cinq années de vie supplémentaires. Reste à savoir ce qu’ils en ont fait.

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