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24 septembre 2019

Ce jour-là, 2 août 1914 - fin

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La guerre est là, mais la vie doit continuer, avec le moins de dérangement possible, pour les populations.

Le syndicat de la Boulangerie de Blois prévient que le pain ne sera pas augmenté, mais il ne sera livré qu'en échange d'argent comptant. Alors, pas d'argent, pas de pain. Mais la municipalité a tout prévu. Les familles dont les hommes sont appelés sous les drapeaux ne manqueront pas de pain, même si l'argent n'est pas là.

Le chaud et le froid continuent d'être soufflés. Si rien de change pour certains, tout s'arrête pour d'autres : le concours de musique qui devait avoir lieu les 15 et 16 août est supprimé. Mais la distribution des prix des enfants des patronages des Ecoles publiques de filles de Blois aura bien lieu, le mercredi 5 courant, à cinq heures, au siège de l'Association Amicale de la Jeunesse Blésoire, impasse des Hautes Granges. L'AAJB est là et maintient le cap.

La pharmacie Roger aussi, qui reste ouverte le dimanche 2 août.

De même, les maisons et établissements Fournier et Martineau et Cie à Blois, font taire la rumeur d'une augmentation des prix exagérée. Ces maisons ont veillé à ce que personne ne se constitue un stock de marchandise trop important et fasse des affaires sur le dos de la guerre. Enfin, ça, ce n'est que le début de la guerre, mais les profiteurs pointent déjà le bout de leur nez.

La guerre ................. la paix

L'état civil informe la population du décès de Léonie Irma Biémont femme Letourmy, vingt ans, le 28 juillet, à fosse, commune de Montoire, et la naissance, au bourg de Selommes, de Marie Thérèse Marguerite Pruvost, le 23 juillet.

Le compte rendu de l'audience du 31 juillet de la police correctionnele de Romorantin, informe la population que la femme Thomas, trente-deux ans, ménagère à Villeherviers, est condamnée à vingt-cinq francs d'amende pour vol. Que Pierre Locher, journalier à Chaon, est condamné à cinquante francs d'amende pour vol, avec sursis. Frédéric Frader, quarante-neuf ans, journalier à Lanthenay, est condamné à cinq francs d'amende pour violence.

Eugène Bellesort, dix-huit ans, journalier au Poislay, n'ayant plus de travail, a trouvé le moyen de se fâcher avec son père. Sans un sou en poche, mais se rappelant son ancien patron, M. Cornillière, et surtout la disposition des lieux, trouva commode de se cacher dans sa grange et de visiter son garde-manger, tous les jours, pendant deux semaines. Évidemment, il a été découvert et l'argument de son manque d'argent et de sa faim n'y ont rien fait. Il est condamné à deux mois de prison.

Pour l'arrondissement de Vendôme, Louis François Gillard, soixante-treize ans, vieux vosgien condamné pour vagabondage et mendicité, à trois mois de prison, fait appel. La cour d'Orléans réduit la sentence à deux mois, ce qui permettra de le faire hospitaliser à sa sortie de prison.

Albert Poirier, marchand de bois à Pezou, porte plainte pour vol. Une paire de traits en fer lui a été volée la nuit du 25 juillet, sur une voiture, sur un de ses chantiers.

A Trehet, le 23 juillet M. et Mme. Rezé, propriétaires à l'Etre-Bobault, rentraient chez eux lorsque, arrivé à une trentaine de mètres du petit chemin reliant la route à leur maison, ils se rendirent compte qu'une voiture les suivait. Pour ne pas être doublé, M. Rezé a touché son attelage au moment où une roue passait sur un tas de terre. Évidemment, la voiture s'est renversée. Le couple est violemment projeté à terre. Heureusement pour eux, les passagers de l'automobile qui les suivait leur a porté secours. Mme Rezé a des blessures à la tête, aux bras et aux mains. Son mari a des douleurs aux côtes, cela aurait pu être plus grave. Mais pourquoi diable ne voulait-il pas être doublé !!!!  Vieux monde contre nouveau monde ? Voiture attelée contre automobile ?

La guerre est là mais la vie suit son cours et les bulletins financiers, le cours des aliments, les dates des marchés, terminent le journal du 2 août 1914.

Termine ? pas tout à fait, car le publicité est là, elle aussi, une vrai publicité de temps de paix :

P1080303

"Si vous voulez labourer vite et sans fatigue, employez "The Bernett", le nouveau bisoc perfectionné."

"Le rouleau ondulé Bernet, à billes multiples, le meilleur de tous les rouleaux de culture est garanti incassable"

"Muxol, laxatif doux et agréable évite l'appendicite"

"Mesdames, si vous avez des irrégularités qui vous inquiètent, écrivez en confiance à G. Lacroix..."

"Le Kephaldol guérit : névralgies, sciatiques, maux de reins, migraines, rages de dents, douleurs rhumatismales"

"Aux milliers de malades débilités, anémiques, convalescents, affaiblis, enfants chétifs, vieillards débiles, ... le vin Debreyne, une renommé universelle, Le vin Debreyne, quinaphosphaté préparé à la Grande Trappe..."

"Automobiles Clément-Bayard 1914 : prix des voitures carrossées en do avec capote, glace, deux phares, trois lanternes Ducellier ou BRC, cric, trompe :  7 HP, 4 cylindres, 2 places, roues métalliques : 3700 francs."

"Biscuits Albert Poulain et fils, société anonyme - Blois - petit beurre en paquets sulfurisés avec cartes postales et célébrités (déposé) et Titi de Paris en paquets sulfurisés, en vente dans toutes les bonnes épiceries"

Et enfin, les petites annonces :

M. Labbé Moreau, de Vineuil, vend deux beaux chiens de chasse courants de deux et huit ans.

A affermer pour la Toussaint prochaine, une auberge située à Bracieux, dite l'Auberge de la Bonne-Heure, avec toutes ses aisances et dépendances, notamment des écuries pouvant contenir environ trente chevaux...."

Ce sera un des grands paradoxes de cette guerre : l'horreur des combats, et la vie tranquille qui continue à l'arrière.

Mais, très vite, la plus grande partie des articles de presse, parleront de la guerre, porteront sur la guerre, pleureront la guerre.

Là, ce n'est que le premier journal paru le jour de la mobilisation générale. Bientôt vont venir les avis de décès, les livres d'or, les premières défaites (mais pas trop, pour ne pas décourager le civil), les appels à soutien financier, etc.

Ce n'est que le début, de presque cinq années de guerre. Ce jour-là n'était que le premier jour.

 

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