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26 août 2019

Généalogie ADN versus Généalogie légale

ADN

Depuis plusieurs mois, je vois, je lis et j'entends des reportages sur la recherche ADN en généalogie. Il y a les "pour", il y a les "contre".

Je l'avoue, au départ, j'étais "contre", sans raison objective réfléchie. Il s'agissait d'un "contre" instinctif.

Évidemment, depuis, j'ai réfléchi au sujet : sujet de la généalogie ADN, sujet de mon rejet instinctif.

Je vais relier le tout, aux nouvelles lois qui vont peut-être voir le jour, sur le secret des origines, ou plutôt la levée du secret des origines, concernant surtout les dons de sperme et d'ovocytes. Pour moi, dans mon raisonnement "contre", tout est lié.

Mais je vais me faire l'avocat du diable et lister les "Pour" que je pourrais admettre.

Je précise bien que cet article n'engage que moi. Il s'agit d'une réflexion personnelle et de mon seul avis.

Qu'est-ce qui pourrait me donner envie de faire le test ADN ?

La curiosité, évidemment. La curiosité quand aux origines ethniques et géographiques de mes ascendants. Pour l'instant, je n'ai que du français bien franchouillard dans ma généalogie. Peut-être aurais-je pu découvrir du belge si les registres du Pas-de-Calais me permettaient de remonter plus haut. Mais, pour l'instant, rien que du bleu-blanc-rouge.

Si le test ADN le permet, j'aimerais bien savoir si mes ancêtres les plus lointains, venaient d'Afrique ou d'Asie.

Il y a aussi la curiosité par rapport aux mères célibataires de mon arbre (et j'en ai un bon paquet) : les géniteurs étaient-ils locaux ou venus d'ailleurs ?

Et qui sait, peut-être trouverait-on de l'ADN extra-terrestre ? Je n'ai vu personne en parler jusqu'ici !!! Ce serait drôle non ?

Scientifiquement parlant, cela m'interesserait pour l'aspect médical permettant d'identifier les risques de maladie transmises par mes ancêtres, et que la neutralité administrative de l'état civil a totalement occulté.

Pour autrui ? Si je me mets à la place d'une autre personne, n'ayant aucune connaissance de ses origines, je peux effectivement comprendre sa démarche : avoir des racines, c'est important, alors, nés être sous X, doit être comme être naître d'une éprouvette, dans laquelle on a mélangé deux dons anonymes. Pas d'histoire familiale, pas d'histoire médicale, pas d'histoire tout court, sans compter le risque d'épouser son frère ou sa soeur, sans le savoir.

Par mon travail, j'ai pu me rendre compte du manque que ressentaient les personnes ne connaissant pas leurs origines, comme une blessure qui suinte toute leur vie et les empêche parfois d'avancer ou de se construire une vie à eux.

Vous voyez, j'en trouve du "pour". Pourtant, le "contre" l'emporte toujours chez moi.

Commençons par le devenir des test ADN. Ne soyons pas angéliques, l'enjeu économique derrière ces tests est énorme : combien de crédits bancaires, de mutuelles médicales, voir même d'embauche dans une entreprise, dépendront un jour de ces tests ?

Pas grave me dites-vous, je ne ferai pas le test. Mais si mon frère, ou mon cousin, ou mon neveu, fait le test, par voie de conséquence, sans le vouloir, mon ADN va être également fiché. Une partie seulement, bien sur, mais une partie qui permettra soit de me retrouver (sans que je le veuille), soit de faire porter une suspicion de maladie sur moi.

Peut-être que mon ADN n'est pas porteur, mais celui de mon frère l'est, et il est dans la base de donnée qui va être vendue et revendue et rerevendue. Je vais donc soit être fichée pour ce que je suis, soit être fichée pour ce que je risque d'être. Dans les deux cas, ma vie risque de se résumer à mon ADN.

Pourtant, je suis bien autre chose, bien plus que mon ADN. Je suis un être humain, doté d'intelligence, ayant vécu des expériences qui ont forgé mon caractère et mes qualités professionnelles et humaines. Cela, l'ADN ne le dit pas.

Et c'est là que mon plus gros "contre" intervient.

J'ai toujours dit, à mes élèves, aux personnes que je rencontre et qui me posent la question, que la recherche généalogique est une affaire légale.

Nous faisons une généalogie légale. Aux yeux de la loi, qui est le père, qui est la mère.

Peut-être n'y-a-t-il aucun lien biologique avec eux, mais ce sont eux qui nous donnent notre nom, notre prénom, notre éducation, et oriente nos choix de vie, que nous suivions leur exemple ou que nous le rejetions.

Ce sont leurs familles que nous connaissons comme oncles, tantes, cousins, grands-parents... et c'est leur vie que nous connaissons, leurs anecdotes qui amusent les repas familiaux, leurs manies que nous copions enfant et qui parfois, nous restent, arrivé à l'âge adulte, pas ceux d'un hypothétique géniteur inconnu.

Allons plus loin, quelle preuve avez-vous que l'AAAAGP Louis Durand est bien le géniteur de l'enfant dont vous descendez ? Combien d'enfants conçus par l'envahisseur, ont été élevés par le mari de la mère, sans que jamais personne n'en sache rien ? Combien de mère, combien de tante, combien de soeur, ont élevé comme leur enfant celui d'une fille, d'une nièce ou d'une soeur ?

Il faudrait, pour le savoir, déterrer tous nos ancêtres et procéder à bien des tests ADN. Sauf que..... il serait impossible de remonter sur toutes les branches sur plus que deux ou trois générations, les tombes ayant été relevées depuis longtemps.

J'aime ma famille, celle qui m'a élevée, celle qui m'a vu grandir et a fait de moi, ce que je suis aujourd'hui.

Peut-être que ce n'est pas la mienne, biologiquement parlant. Quel enfant n'a pas rêvé d'être un enfant adopté, lorsqu'il rêvait d'être un prince ou une princesse ? Quand il se disputait avec ses parents qui, bien sur, ne le comprenaient pas ? Ah, les ados !!!

Mais c'est la seule que je connaisse et que je souhaite connaître. C'est celle que j'étudie à travers les archives.

Cette généalogie légale me convient parfaitement, car c'est grâce à tous ces ancêtres, le travail toute leur vie, leurs choix, leurs erreurs, leurs déménagements, leurs métiers, qu'aujourd'hui, je suis ce que je suis.

C'est la chaîne dont je parlais hier. Même si mon maillon a été attaché par autre chose que la biologie, il est bien attaché à cette chaîne-là.

Alors, je conçois que certains secrets de famille, liés aux origines, puissent empoisonner la vie de certaines personnes, mais ils sont  une minorité. Si la généalogie ADN se répand, cela concernera et, oserai-je dire, affectera, la totalité de la population.

Faut-il tout arrêter ? Je ne sais pas, c'est certainement trop tard. Mais il faut, au moins légiférer.

La CNIL nous pourrit littéralement la vie sur tout un tas de sujet, dont la généalogie, au prétexte de protéger la vie privée et là, une totale zone de non droit se répand sans que cela inquiète ? Sacré paradoxe non ?

 

 

 

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