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4 octobre 2018

Si fragiles feuillets matricules

Poilus-1

Avant de poursuivre sur les poilus aux AD, si je vous parlais des problèmes que peuvent poser les feuillets matricules. Je suis toujours dans le sujet puisque là, il s'agit encore de poilus.

Hier, alors que je reconstituais le parcours de combattant d'un de mes poilus, Louis Octave Barrault, de la classe 1894. La lecture de son feuillet matricule m'indiquait une mobilisation en décembre 1914 puis, de sursis en sursis, sur toute la période de la guerre, des activités agricoles dans sa commune, pour finir, avec la création du statut, un détachement agricole jusqu'à la fin de la guerre. J'étais bien partie pour expliquer que mon bonhomme avait passé toute la guerre, chez lui (ou presque) aux moissons, battages, et autres activités nécessaires à la survie du pays.

Mais, il y a un mais, mon poilu a un dossier d'Ancien Combattant. Pour être un Ancien Combattant, il ne suffit pas d'avoir été mobilisé pendant la guerre, il faut avoir fait partie d'une unité combattante au moins trois mois, consécutifs ou non, ou avoir fait partie d'une unité combattante sans durée, et avoir été blessé ou fait prisonnier, ou avoir fait partie d'une unité non combattante et avoir été blessé ou fait prisonnier. Trois cas dans lequel mon Louis Octave n’entrait visiblement pas, étant resté à domicile toute la guerre.

Alors je regarde de plus près son dossier d'ancien combattant, et je découvre qu'il a été en unité combattante jusqu’au 29 mai 1915, date à laquelle il a été évacué pour fièvre typhoïde. A partir de là, seulement, il est en sursis jusqu'à ce qu'il soit en détachement agricole.

Si je n'avais pas eu une autre source de renseignement, j'aurais zappé "sa guerre".

Aujourd'hui, j'étudie un autre poilu, Alexandre Louis Auguste Hubert, de la classe 1892, et je me heurte à un autre problème. Il est renvoyé dans ses foyers, comme père de six enfants, en 1915. Problème : il n'a que quatre enfants. Impossible qu'il ait menti sur le sujet car ce genre de chose était très contrôlé. Le maire devait faire un certificat attestant du nombre d’enfants vivants, qui était ensuite contrôlé par la gendarmerie. La fraude était quasi-impossible, alors l’erreur !!

J'avoue avoir cherché dans tous les sens : a-t-il eu des enfants avant son mariage ? Non. Était-il tuteur de neveux orphelins ? Non. Rien à faire, mon bonhomme n'a que quatre enfants, et n'élève que quatre enfants.

Problème qui aurait été insoluble si je n'avais pas consulté son dossier d'ancien combattant. Là, il est bien indiqué père de quatre enfants, et surtout, la guerre, il la fait jusqu'au bout et pas dans les régiments indiqués sur son feuillet matricule. Comment une telle erreur a-t-elle pu se produire ? Je regarde le feuillet d’avant et le feuillet d’après, mais non, l’erreur ne vient pas d’une page mal tournée.

Y aurait-il eu problème d'homonyme ? Les « Hubert » ne manquent pas dans le département. Oui, Alexandre Louis Auguste Hubert, le mien, né à Villefrancœur, a un quasi-homonyme dans sa classe. Alexandre Louis Hubert, né à La Fontenelle. Si le premier, le mien, n'a que quatre enfants, le second, lui en a bien six, six filles.

A partir de là, j'ai vérifié son feuillet matricule et j'y ai trouvé le parcours de mon Hubert, avec les régiments et les dates indiquées dans son dossier d’Ancien Combattant.

Sans ce dossier, sa guerre n'aurait pas été tronquée, comme pour le premier, mais tout simplement faussée.

Ah, les sources !! ces très chères sources si chères à nos cœurs de généalogistes pointilleux et rigoureux. Elles peuvent parfois nous entraîner, en toute bonne foi, droit dans l’erreur. C’est pour cette raison qu’il faut toujours garder à l’esprit que ce que nous écrivons, nous le faisons à partir des sources consultées, mais qu’il peut y avoir d’autres sources pouvant soit confirmer et compléter ce que nous avons trouvé, soit l’infirmer. Même les feuillets matricules peuvent nous tromper.

Encore une raison pour ne pas se contenter de ce qui nous est servi sur un plateau par internet. Il faut aller au-delà, voir plus loin, et vérifier tout ce qui peut l’être.

J’ai la chance d’avoir ces dossiers d’Anciens Combattants. Et si cela n’avait pas été le cas ? Aurais-je eu l’idée d’un homonyme ? Peut-être, au bout d’un moment. Mais pour ce brave Louis Octave Barrault, aucun autre document présent aux archives ne m’aurait permis de corriger cette erreur : il n’a pas été blessé, il n’est pas mort au front ou des suites de ses blessures ou de maladie contractée au front.

Pourtant, quel document et le plus fiable ? Le feuillet matricule ou le dossier d’Ancien Combattant ?

Dans un troisième dossier, le poilu en question avait zappé, au questionnaire, plusieurs étapes de sa guerre, plusieurs régiments. Les dates étaient partiellement fausses : le régiment dont il parlait à une date, était déjà dissous à ce moment-là.

Ce n’est pas simple tout cela !!! Une source, c’est bien, deux c’est mieux mais il faut les croiser. Trois c’est parfait, sauf si la troisième vient contredire les deux autres… et ainsi de suite. Il y a de quoi y perdre son latin, d’où l’importance de toujours bien noter d’où vient le renseignement que vous indiquez (la source, la côte) et ne pas croire qu’un document officiel détient toute la vérité.

 

 

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Commentaires
L
Très intéressante mise en garde, mais comment peut-on consulter les dossiers d’Anciens Combattants ?
Répondre
A
D'où la nécessité de visiter les dépôts d'archives !... La généalogie depuis son fauteuil, dans ce cas précis, est impossible !
Répondre
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