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28 août 2018

Les petits anges de mon arbre

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Vous vous doutez bien de qui ils sont, les petits anges de mon arbre. Ces enfants qui n’ont pas eu le temps de vivre, à peine nés et déjà partis. Ils ont parfois, vaille que vaille, atteint deux, trois, quatre ans. Certains ont atteint l’adolescence, et y sont restés. Mais la grande majorité de mes petits anges ont fermé les yeux, à peine après les avoir ouverts sur un monde trop dur pour eux.

Sur les 9642 ancêtres trouvés (directs et collatéraux), 454 d’entre eux n’ont pas atteint leur première année d’existence.

129 des bébés ayant fêté leur première année n’ont pas atteint cinq ans.

69 des enfants ayant passé cinq ans n’ont pas atteint dix ans.

Les chiffres sont dégressifs. C’est logique, la mortalité diminue à mesure que l’enfant grandit, prend de la force, évite les maladies de l’enfance et les accidents.

Si je regarde à douze ans, âge auquel les enfants de l’assistance sont placés dans les fermes car jugés aptes à gagner leur vie, 8% n’atteignent pas cet âge.

Et les chiffres risquent d’empirer, à mesure que je recherche tous les enfants de tous les couples et surtout leurs décès.

J’ai le cœur qui pleure à chaque enfant que j’enregistre. Je n’ose imaginer le chagrin d’une mère qui a porté cet enfant neuf mois, l’a nourri et vu partir, impuissante. Même si cela était chose courante, comment imaginer que cela soit une chose « normale » dénuée de sentiments.

Que dire de ces mamans qui perdent, les uns après les autres, les enfants qu’elles mettent au monde, pour une simple carence en fer, pour une mauvaise alimentation, une mauvaise fièvre ou une mauvaise sage-femme.

C’est là que je me rends compte que l’histoire joue à la loterie avec nos gènes. Pourquoi cet enfant et pas celui-là. Combien d’Einstein en puissance, de Pasteur ou de Marie Curie n’ont pas eu le temps de vivre. Quelle serait la face du monde aujourd’hui ?

Un écrivain écrirait sur des mondes parallèles où ces enfants vivraient leur vie et où la terre serait autre.

Un scientifique parlerait de sélection naturelle permettant aux plus forts de survivre dans l’intérêt de l’espèce.

Quand je vois le nombre de cons, d’irresponsables et de destructeurs peuplant la planète, j’ai des doutes sur l’efficacité de la sélection naturelle. Elle est probablement physique, mais certainement pas intellectuelle ni dans l’intérêt de l’espèce.

Aujourd’hui, les progrès de la science, de la médecine, permettent à des individus physiquement « déficients » mais intellectuellement brillants, d’apporter à l’humanité leurs parts de sagesse, de découvertes et d’inventions. Que serait le monde d’aujourd’hui si cela n’avait pas été possible.

Combien de petits Stephen Hawking sont nés depuis des siècles, mais n’ont jamais pu apporter leur contribution à l’humanité ?

Il n’y a pas de réponse à ces questions, juste un constat bien triste : il ne reste rien de ces petits anges, excepté quelques lignes dans les registres paroissiaux et les registres d’état civil.

Pourtant, je veux croire que le fait qu’ils aient existé, a contribué, d’une manière ou d’une autre, à faire de nous ce que nous sommes. Une sorte d’effet papillon de la généalogie.

Ange-bébé

Ces petits anges ont eu un rôle à jouer, le contraire serait encore plus horrible. Les inscrire sur nos arbres, c'est leur redonner la place que la mort leur a pris.

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Commentaires
O
"Je cherche mes frères", c'est ce que répond Joseph à l'homme qui lui demande ce qu'il cherche sur le chemin de Sichem. Et c'est bien ce que j'écrirais au-dessus de mes propres recherches. Je cherchais mes frères, au sens large, pas simplement des noms et des numéros de cotes. Retrouver quelques lignes sur eux, c'était ramener de la lumière sur des pages obscurcies par la poussière amassée par le temps. C'était une rencontre, émotionnelle. J'ai retrouvé un frère, une soeur et c'est l'eau qui est passée par leur vie qui coule maintenant dans la mienne. Vous êtes bien la première généalogiste que je lise qui parle aussi d'émotion et pas seulement de mettre des noms dans des cases. J'aime!
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