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24 novembre 2017

Le wagon 183106 en provenance de Marseille

Imaginaient-ils, lorsqu’ils ont rejoint leurs régiments, que la guerre les mènerait si loin de leurs familles, vers des pays inconnus dont ils ne maîtrisaient ni la langue, ni les coutumes ?

Les poilus de l’armée d’Orient ont vécu la guerre en terre étrangère (la Belgique, ce n’est pas vraiment une terre étrangère pour un français) et beaucoup y sont morts et enterrés, comme dans la nécropole de Zeitenlick.

https://gr.ambafrance.org/Liste-des-soldats-francais-inhumes-dans-la-necropole-de-Zeitenlick

Malgré la distance, certains sont revenus, bien peu, reposer auprès de leurs familles.

Le 7 février 1922, le wagon 183106 au départ de Marseille, part pour le Loir-et-Cher, avec à son bord, cinq poilus de l’armée d’Orient, ou plutôt cinq cercueils contenant les corps de poilus. Il doit arriver en gare de Blois, le 11 février, à 14 heures 53. L’ouverture du wagon funéraire est prévue pour la même heure. Il ne faut pas laisser trainer les choses, comme s’il y avait soudain urgence, plus de trois ans après la fin de la guerre.

Le commissaire de police est là, de même que les pompes funèbres et le chef de gare. Les corps doivent être transférés dans les wagons de tramway qui les mèneront chacun à leur dernière demeure.

Eugène Daveau est de la classe 1907. Il est natif de Bourré mais vit à Thenay depuis le 31 mai 1914. Il a épousé Pauline Lelong en juillet 1912, à Angé. Elle y retournera vivre après la guerre, rue Le Pernas.

La guerre, Eugène va la faire depuis le début, depuis le 3 août 1914, d’abord contre l’Allemagne, au 45e régiment d’artillerie. Il est blessé en service commandé, le 10 avril 1917. Le 7 mars 1918, il passe au 68e régiment d’artillerie à pied et, le 21 mai 1918, il part avec son régiment, pour l’armé d’orient. Le second canonnier Eugène Daveau, du 68e régiment d’artillerie, est décédé à l’hôpital temporaire n°8 secteur 510 de Salonique en Grèce, le 8 novembre 1918, de maladie contractée au service. Il avait trente-un ans.

Ce 11 février 1922, il prend le tramway à vapeur en direction de Montrichard, à 18 heures 15, pour être inhumé à Angé. Il est seul dans ce wagon, qui arrive en gare de Montrichard à 20 heures 16. Un corbillard lui fera faire le reste du chemin, jusqu’à sa dernière demeure.

Son nom est gravé sur une plaque commémorative, dans l’église d’Angé, sur le monument aux morts de Thenay et sur la stèle commémorative du 68e régiment d’artillerie, à Ecrouves, en Meurthe-et-Moselle.

Henri Alexandre Mongella est de la classe 1902. Il est natif de Mondoubleau, facteur à Fossé, lorsque la guerre éclate. Tout naturellement, il sera sous agent des postes aux armées, à compter du 14 mars 1916 et expédié avec l’armée d’Orient. Il décède le 9 octobre 1918, à l’hôpital temporaire n°3 de Salonique, en Grèce.

Ce 11 février 1922, de retour en France, il prend le train pour la gare de Fossé-Marolles à 15 heures 45 et y arrive un quart d’heure plus tard. Il doit être inhumé au cimetière de Fossé. Sa veuve, Marie Valérie Gobin, épousée à Villebarou en 1910, y vit encore. Le nom de son mari est gravé sur le monument au mort de la commune.

Louis Baignet est de la classe 1915. Il vit à Ouchamps dont il est natif. Il est mobilisé dès le 20 décembre 1914, au 17e bataillon de chasseurs à pieds et passe ensuite au 3e régiment de zouaves, le 31 mai 1915. Le 25 juin, il part pour l’armée d’Orient et décède le 23 décembre 1915, de maladie (embarras gastrique fébrile avec broncho-pneumonie), à l’hôpital temporaire de Zeintenlick, en Grèce.

Ce 11 février 1922, il rentre chez lui, à Ouchamps, par le tramway électrique, départ 18 heures 15, pour y être inhumé, à la demande de ses parents. Le tramway arrive à Ouchamps à 18 heures 57. Son nom est gravé sur le monument aux morts de la commune.

Jean Charles Emile Rocan est de la même classe que Louis. Natif de Selles-sur-Cher, il est mobilisé le 20 décembre 1914 pour le 131e régiment d’infanterie. Il passe au 80e régiment d’infanterie, au front le 8 novembre 1915, puis au 143e le 12 décembre 1915 où il est cité à l’ordre de la division, le 17 mai 1917 : « très courageux et du plus beau sang-froid. Volontaire pour un coup de main et chargé pendant l’opération d’établir un barrage dans la tranchée ennemie, a rempli cette mission avec une grande audace et en a assuré l’exécution complète malgré un violent bombardement de grenades. Croix de guerre, étoile d’argent ».

Il part pour le 140e le 1er décembre 1917 puis il intègre le 175e régiment d’infanterie pour l’armée d’Orient, le 2 décembre 1917. Il décède le 3 octobre 1918 à l’hôpital temporaire n°8 à Salonique, de maladie contractée au service.

Lui aussi rentre chez lui, le 11 février 1922, par la gare de Selles-sur-Cher, départ de Blois à 15 heures 15 et arrivée 20 heures 20, à la demande de son père, Emmanuel, domicilié place du marché. Son nom est gravé sur le monument aux morts de la commune et sur une plaque commémorative, dans l’église.

Le cinquième à rentrer par le train du 11 février 1922 est Emilien Simon, de la classe 1897, natif de Vineuil. Mobilisé le 4 août 1914, il est maître ouvrier au 1er régiment du génie, il passe au 19e génie, le 27 décembre 1916, puis au 2e génie, le 12 janvier 1917. Il arrive en Orient le 14 janvier, mais est évacué le 16 juillet pour l’hôpital temporaire n°3 de Salonique. Il y décède le 2 août 1917 de maladie contractée au service. Il rentre à Vineuil, pour y être inhumé au cimetière. Sa femme, Laure Cottereau, y vit toujours, mais elle s’est remariée. Le train part à 17 heures 41 pour la gare de Vineuil-Saint-Claude où il arrive à 18 heures. Le nom d’Emilien Simon est gravé sur le monument aux morts de la commune et sur la plaque commémorative, dans la mairie.

Ces cinq « Mort pour la France », sont morts au loin, loin de chez eux, de leurs familles. Ces dernières auront eu la « consolation » de les voir revenir au pays ; d’avoir un lieu où se recueillir, un tombe avec leur nom ; alors que tant d’autres sont inhumés loin, très loin, sans autre visite que les cérémonies officielles.

cimetiere-salonique

 

Le cimetière militaire français de Zeitenlick à Salonique / Thessalonique

Le cimetière militaire français de Zeitenlick à Thessalonique, en Grèce, rassemble les corps de 8309 soldats morts pour la France sur le front d'Orient, lors de la Première Guerre mondiale. A l'automne 1915, l'expédition franco-britannique des Dardanelles, destinée à couper les Turcs des Empires centraux, est un échec.

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr

 

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