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10 septembre 2019

L'accident de Victor

gare-de-Blois

Victor Joseph Saye est berger chez Modeste Guillermin, à Forcalquier, en 1906, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il a trente ans et est célibataire. C'est dans cette commune qu'il est né, le 21 mai 1876, fils de Joseph Saye et Thérèse Blanc. Il travail chez Modeste Guillermin depuis le 9 décembre 1901.

Il n'est pas très grand, 1.51 m et il souffre d'alopécie lorsqu'il tire au sort pour le service militaire, avec la classe 1896. Cela lui vaut être placé dans les services auxiliaires.

En 1908, il part s'installer à Villemus, dans le même canton.

Lorsque la guerre est déclarée, il est jugé bon pour le service, le 27 novembre 1914, et affecté au 145e régiment territorial d'infanterie où il arrive, le 29 décembre.

Le 24 avril 1915, il passe au 111e régiment d'infanterie, puis, au 113e, le 13 novembre 1915.

C'est le régiment de Blois, et c'est d'ailleurs là qu'il décède, le 27 juillet 1916, par accident. Il a néanmoins droit à l'appellation Mort pour la France.

Je dis néanmoins car il y a accident et accident.

Cette appellation me semble bien controversée. Autant je comprends qu'elle soit attribuée à quelqu'un mort au front, mort de ses blessures, mort de maladie contractée au front, voire même d'accident en zone de guerre, mais parfois, elle devrait être remplacée par Mort en temps de guerre et non Mort pour la France, mais c'est un débat qui ne s'ouvrira jamais.

Pourquoi cette phrase, dans le cas de Victor ? Tout simplement parce qu'il a raté l'arrivée en gare de Blois, à 1 h 50, alors qu'il revenait d'une permission agricole. Il ne s'en est rendu compte qu'après le départ de la gare.

Il faisait nuit et malgré cela, a sauté du train en marche. Il a été retrouvé mort sur la voie de chemin de fer, près du pont des Hautes-Granges, le crane fracturé.

Sa fiche MDH indique qu'il est décédé à l'hôpital de Blois des suites d'un accident en service commandé. Il peut s'en cacher des choses, derrière ces termes administratifs.

Si l'on pouvait connaître les circonstances exactes de toutes ces morts, nous pourrions en écrire des histoires, mais peut-être était-ce mieux, à l'époque, de couvrir d'une chape administrative, les circonstances des décès, pour épargner les familles et éviter les bavardages et comparaisons.

Au final, s'il n'y avait pas eu la guerre, Victor ne serait jamais venu à Blois, il n'aurait pas eu de permission et n'aurait pas dû revenir à une date précise, à son régiment. Il n'aurait pas sauté du train en marche pour ne pas rater l'appel et ne ce serait pas fracturé le crâne, ce qui a provoqué sa mort. De cause à effet : Victor est bien mort à cause de la guerre.

 

 

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