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9 novembre 2021

H comme l'heure précise du drame

Toutes ces catastrophes et accidents ferroviaires que je vous conte sont caractérisés par la précision horaire dans tous les rapports. Le déraillement du train 508, le 28 juin 1909, en est un exemple parfait.

Le 25 juin 1909, à 4h35 du soir, un rail cassé provoque le déraillement du train 508, au kilomètre 45K300 de la ligne de Blois à Ouzouer-le-Marché, entre Bussy et Binas.

Binas-Bussy

L’accident a lieu en pleine ligne droite. La machine, après être sortie des rails, poursuit sa course sur vingt-cinq mètres environ et se met en travers de la voie, poussée par le train. Elle se retrouve l’avant dans le fossé et dans une position perpendiculaire à a ligne. Les attelages se sont brisés. Dès le choc, le mécanicien, Faillofaix, renverse la vapeur et serre ses freins à bloc, sans résultat, la conduite du frein étant brisée. Le chauffeur a lui aussi bloqué son frein à main.

Le wagon M82, placé juste derrière la machine, chargé de quatre tonnes de vin, suit le mouvement et se met aussi en travers, crevant une des bâches.

Le deuxième wagon, K28, chargé de marchandises, se retrouve en partie dans le fossé. Miraculeusement, ou grâce à la faible vitesse du train à ce moment-là, vingt km/h, le reste du train ne déraille pas. Le troisième wagon s’arrête juste avant le rail brisé.

Impossible de relever la machine dans ces conditions.

Le contrôleur de route, Fouques, présent sur la machine lors du déraillement, fait immédiatement une demande de secours. Il se rend à Ouzouer pendant que le chef de train, qui a couvert son convoi, va à Binas, à la rencontre du train 507 qu’ils auraient dû croiser. Le personnel du train 507, qui se trouve à Binas et les hommes de la voie, se rendent immédiatement sur les lieux et interviennent immédiatement.

Fouques prévient également par téléphone Blois, à 5h10, Orléans à 5h15, Oucques, à 5h20 et Vendôme, à 5h45, depuis le bureau d’Ouzouer.

Des trains arrivent jusqu’au lieu du déraillement pour y transborder les voyageurs et les bagages. Le train n°8 arrive à 7h9 et le train n°9 à 7h20. Tous les bagages, nombreux car c’est jour de marché à Ouzouer, sont transbordés et les deux trains repartent à 8 h.

Le wagon de secours, pour sa part, arrive sur les lieux à 11 h 10, avec le chef de dépôt et quatre hommes.

Pendant le transbordement, le personnel des trains 508 et 507 et l’équipe d’entretien ont remis les wagons déraillés sur les rails.

A 5h25 du matin, le matériel est relevé et remorquée jusqu’à Ouzouer, par la machine de secours. De là, elle est remise en état de circuler et rentre au dépôt de Blois, le 26 juin, à 1 h 15 du soir.

La machine du train 507 conduit le matériel du 508 à Binas où il est garé, et reprend sa marche sur Orléans.

Le rail cassé est remis en place, « tirefonné » sur la traverse voisine, qui a été un peu déplacée et dont le milieu coïncide avec la brisure. Deux autres rails sont faussés et doivent être remplacés rapidement.

Comme il n’y a pas de dépôt sur la section, il va falloir démonter une voie de garage d’une station pour se procurer de nouveaux rails.

Cet accident, s’il n’a fait aucune victime, a occasionné du retard aux autres trains : le train n°8 au départ de Binas a 3h6 de retard, et, à l’arrivée à Vendôme, 3h4, le train n°8B au départ d’Oucques à 8 minutes de retard, et à l’arrivée à Blois, 7 minutes.

Pour ne pas encore plus retarder les voyageurs, un train supplémentaire, formé à Vendôme les a conduits à Blois, où ils sont arrivés à minuit 50 avec un retard de 5h11 sur l’heure réglementaire d’arrivée du train n°8B.

Le train n°9 est arrivé à Ouzouer avec 45 minutes de retard.

Aucune plainte n’a été formulée par les voyageurs, au sujet des retards. Ils devaient être bien trop content de s’en sortir indemnes.

Le rapport pointe le mauvais entretien des rails et surtout, le fait qu’il n’y a pas de dépôt de matériel et qu’il faut retirer les rails des voies de garage, pour faire la réparation, ce qui va handicaper la station.

Le 16 juillet, à 5h11 du soir, sur la même ligne, le train n°9B déraille entre Blois et Villebarou, à environ 300 m de Villebarou.

Blois-Villebarou

Parti de Blois à 5h5, le train 9B déraille entre le passage à niveau et Villebarou à 5h11.

La machine est dans le fossé, le wagon couvert qui la suit, transportant cinq chevaux, déraille à son tour, et une plateforme, chargée de sable, se retrouve sous le wagon qu’elle soulève en partie. La plateforme est brisée, ainsi qu’un wagon qui a été jeté sur la route. Cette fois encore, l’accident a lieu dans une ligne droite et ne fait aucune victime. Les quatre voitures de voyageurs sont restées sur les rails.

La demande de secours part à 5h17, envoyée par un cycliste, et arrive à la gare de dépôt à 5h25 et au dépôt à 5h26.

Aidés des voyageurs, le personnel réussit à sauver les chevaux.

Cette fois, le matériel est très abîmé. La machine a l’arrière défoncé, le diaphragme est démoli ainsi que le tuyautage du frein à vide et les bâches, les plaques de garde du wagon couvert, le frein, les marchepieds, les crochets de traction sont brisés, la caisse de la plate-forme est démolie et les chaînes d’attelage sont brisées. Les montants de la plateforme avant du fourgon sont tordus, la tôle enfoncée, les barres d’attelage du wagon sont faussées. Outre ses dégâts matériels, trois des chevaux du wagon sont contusionnés.

A 5h45, le train de secours quitte le dépôt et arrive à 5h50.

Le retard occasionné au train n°8 est de 3h16 et au train n°9 de 5h23

Un train formé à Blois-Saint-Lazare ramène une partie des voyageurs, les bagages et les marchandises du train. Les autres voyageurs ont préféré rentrer à Blois à pied plutôt que d’attendre la fin du transbordement des marchandises, d’autant plus long que c’était jour de marché à Oucques.

Les hommes travaillent toute la nuit pour remettre le matériel sur les rails. A 8h40 du matin ils repartent et atteignent la gare de Blois à 8h45.

Comme pour le déraillement précédent, pour réparer les voies, il faut déshabiller Pierre pour habiller Paul. Les rails des voies de garage des stations sont démontés et remplacent les rails abîmés, à la grande colère du commissaire de surveillance.

Quand donc la compagnie des tramways va-t-elle installer un dépôt de pièces de rechange, comme les rails ? D’ailleurs, il serait bien également de relier les stations d’Oucques et de Vendôme aux bureaux téléphoniques de ces communes. Leur seul moyen de communication se fait grâce aux commerçants et voisins qui sont abonnés au téléphone.

Ces deux accidents pointent des défaillances dans l’entretien des rails, et, miraculeusement, n’ont faits aucune victime.

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