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20 septembre 2019

Un simple dommage collatéral

Souday

La guerre et ses atrocités, la guerre et ses morts, la guerre et ses destructions : nous en parlons beaucoup, qu'il s'agisse de 14-18 ou des autres guerres.

Nous parlons aussi des dommages collatéraux que ces guerres provoquent : les femmes qui deviennent veuve, les enfants qui deviennent orphelins, les fermes à l'abandon faute de bras pour les exploiter.

Il est un autre dommage collatéral que l'on aborde plus rarement, celui qui touche les commerçants, ou plutôt les commerçantes.

Pendant longtemps, et encore maintenant, dans certains commerces, c'est le couple qui travaille. Et pendant très longtemps, le statut des femmes a été inexistant. Elles étaient uniquement la femme du commerçant, même si on lui attribuait le féminin du nom de son mari. La boulangère était la femme du boulanger, la bouchère, la femme du boucher, etc.

Mais que le boulanger, le boucher, le mari donc fasse défaut, et la femme se retrouvait dans l'incapacité à conserver le commerce qui les faisait vivre, elle et ses enfants.

Et malheureusement, durant la première guerre mondiale, de nombreux commerçants sont Morts pour la France, ou mort en temps de guerre, laissant leur veuve démunie et dans l'obligation de se défaire de leur moyen de subsistance, leur commerce.

C'est ce qui est arrivé à Clémentine Marie Deneu.

Clementine Marie est native de Tresson, dans la Sarthe, née en 1882. Le 29 avril 1905, elle y épouse Narcisse Clément Venot, ferblantier zingueur, natif de Bessé-sur-Braye, dans la Sarthe.

Le jeune couple s'installe à Marçon, où naît leur fils, Narcisse, en 1912. Puis ils prennent un commerce à Souday, une quincaillerie et ferblanterie.

La vie semble leur sourire, mais la guerre arrive. Narcisse Clément, de la classe 1898, est rappelé à l'activité et part, le 6 février 1915, avec le 19e régiment d'infanterie territorial. Clémentine reste seule, avec un petit garçon de deux ans, pour tenir le commerce.

Le régiment de Narcisse est affecté à la gare régulatrice du Bourget-Drancy, au service des étapes et convois. Pas de combat au front pour Narcisse. Pourtant, le 4 mai 1915, il est victime d'un grave accident. J'ignore le détail si ce n'est que la locomotive lui est passée dessus, lui sectionnant les deux jambes.

Narcisse décède des suites de ses blessures, à l'âge de trente-sept ans.

Clémentine Marie se retrouve seule avec son petit garçon. Impossible pour elle de tenir ce commerce. Elle quitte souday pour Saint-Calais où elle prend le métier de couturière, comme bien des femmes.

Le 30 octobre 1917, elle cède à Albert Hérisson, maréchal-ferrand, et sa femme, Elise Marie Eugénie Decamps, le fond de commerce de quincaillier-ferblantier qu'elle tenait à Souday, dans une maison en location. C'est maître Camille Perret, notaire à Saint-Agil, qui s'est occupé des transactions.

Mais Narcisse est-il mort pour la France ?

Rien n'indique le contraire sur sa fiche de Mémoire des Hommes, excepté que la personne qui l'a indexé a, arbitrairement, décidé qu'il était "Non Mort pour la France". Déjà que la mention me hérisse le poil, mais que quelqu'un se permette de la mettre alors que ce n'est pas écrit sur la fiche...... grrrrrrrrrrr

Une première vérification, sur le monument aux Morts de Souday : un Venot N. est bien mentionné. Mais est-ce le mien ?

Petit tour sur le livre d'Or de la commune : aucun Venot. Mais il est aussi sur le monument aux Morts de Bessé-sur-Braye, mais pas sur le livre d'Or.

Pas grave, je vais vérifier sur sa fiche matricule : il n'y a rien de plus : décédé de blessures accidentelles.

Décidément, les dieux de la recherche ne sont pas avec moi.

Il ne me reste plus, comme dernière possibilité, que la transcription de son acte de décès, à Souday, le 9 juin 1915. Et bien non, rien de nouveau : ce sont les mêmes mots que sur la fiche de Mémoire des hommes (Merci Alexis des AD41).

Mais, dans tous les cas, Mort pour ou pas la France, son décès est bien dû à la guerre.

Sans elle, il n'aurait pas été à la gare de triage du Bourget.

Sans elle, Clementine Marie n'aurait pas dû vendre leur commerce. Mais cela, c'est un simple dommage collatéral.

 

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