Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog d'une généalogiste
Publicité
Le blog d'une généalogiste
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 276 452
24 janvier 2019

Premier à mourir - Vendôme 1914

Un enterrement en grande pompe peut-îl compenser des milliers d'enterrements en fosse commune ?

C'est la question que je me suis posée en découvrant l'enterrement d'Henri Ducasse.

Henri Ducasse est le deuxième enfant d'une fratrie de trois, et le seul garçon. Il est né à Sort, dans les Landes, le 2 octobre 1893. Il est classé soutien indispensable de famille lorsqu'il part au régiment, le 27 novembre 1913, pour le 23e régiment d'infanterie coloniale. Il passe au 144e régiment d'infanterie, le 27 janvier 1914.

Mais la guerre arrive. Le jeune homme ne rentrera jamais chez lui. Il est blessé grièvement à la poitrine, dans les combats de Craonne et de la Ville-aux-Bois, dans l'Aisne, et évacué vers l'ambulance la plus proche.

La guerre est finie pour lui. Henri est évacué par train sanitaire vers le sud de la France. Il aurait dû atteindre un hôpital proche de chez lui, pour y être soigné, y guérir et peut-être, s'il avait été  jugé trop faible pour repartir au front, il aurait pu rentrer chez lui.

Le sort en décidera autrement. Son état s'agrave dans la train sanitaire qui l'emporte loin du front. Sa blessure à la poitrine lui fait contracter une broncho-pneumonie. Son voyage de retour s'arrêtera à Vendôme, où le train sanitaire fait un arrêt.

Henri est transporté à l'hôpital de la Croix-Rouge dit du Lycée mais son état est trop grave. Il décède le 24 septembre 1914, loin du front, mais également loin des siens.

C'est le premier militaire à mourir à Vendôme. Ce ne sera pas le dernier.

Henri n'avait que vingt ans. Il aura des obsèques magnifiques.

Il est inhumé le lendemain, le vendredi 25 septembre 1914, à trois heures de l'après-midi. Son cercueil est recouvert du drapeau tricolore. Il disparaît pratiquement sous les fleurs apportées par les vendomois et les couronnes offertes par ses camarades blessés. Le char funèbre est trop petit pour tous ses hommages fleuris. Le reste est mis sur un brancard porté par deux chasseurs du régiment de Vendôme. Un piquet fourni par le 20e chasseur lui rend les honneurs militaires.

C'est le sous-préfet qui conduit le deuil et mène le jeune homme au cimetière. Il est accompagné du maire de Vendôme et du colonel du 20e chasseur et des officiers de la garnison. Se mêlent à eux le personnel de la Croix-Rouge, des soldats blessés et une foule considérable, en grande partie féminine.

Combien de ces femmes qui accompagnent ce tout jeune homme à sa dernière demeure vont avoir un mari, un frère, un fils, mort au combat qui n'aura pas un tel hommage : ni fleurs, ni convoi, ni officiel, ni ............. rien.

Ces obsèques grandioses pour un petit landais loin de chez lui vont-elles compenser toutes ses obsèques anonymes, vite fait, mal fait, sous le feu de l'ennemi, dans des fosses communes qui disparaîtront sous les bombardements ?

Peut-être................

Son père et ses soeurs ont-ils su l'hommage rendu à leur fils et frère ?

Henri est le premier à mourir à Vendôme.

Deux jours plus tard, Maurice Lahaze, du 236e régiment d'infanterie, natif du Calvados, décède à son tour des suites de ses blessures. Dix années le séparent d'Henri. La mort les réunit dans le même cimetière. Maurice aura droit aux mêmes obsèques suivies par le même cortège.

Vendome cimetiere militaire

Cimetière Militaire de Vendôme - 11 novembre 2018

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité