1 Jour 1 Commune - Tredarzec

Commune suivante, toujours en Bretagne : Tredarzec, dans les Côtes-d’Armor.

Seulement dix-neuf sosas y ont un évènement et quatre-vingt-huit collatéraux.

Marie Sainte Raison, ma grand-mère n°21, la femme de Jean Louis Le Tual, d’hier, y est née le 30 novembre 1836 et s’y est mariée, le 16 avril 1863, avant de suivre son mari pour Pleumeur-Gautier. Elle est la sixième génération de Raison de Tredarzec.

Si les registres ne commençaient pas en 1680, peut-être même y aurait-il plus de générations encore sur la paroisse, un vrai enracinement.

En faisant mes recherches, j’ai découvert que les trédarzécois priaient un Saint bien peu catholique. Du moins, leur manière de prier ce saint n’était pas très catholique.

Saint Yves, pour ne pas le nommer, est le saint des avocats des humbles et redresseurs de torts. Il est sensé être le seul détenteur de la vérité d’où son autre nom : Saint Yves de Vérité. De la vérité à la justice et de la justice au justicier, le pas a été vite franchi par le petit peuple qui lui a très vite attribué des vertus de …. Vengeance. Et c’est là que l’affaire cesse d’être très catholique, car un peu de paganisme s’est mêlé aux prières adressées à ce saint pour former un rituel de vengeance. Si vous n’aviez pas foi en la justice des hommes, priez Saint Yves de Vérité et vous serez vengé.

Ayez un conflit avec quelqu’un, soyez offensé par un voisin, e hop, Saint Yves de Vérité vous vengera, en faisant trépasser votre adversaire, bien sûr. Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas très catholique.

Mais attention, si vous êtes en tort, contrairement à celui contre lequel vous priez vengeance, c’est vous qui mourrez.

Saint Yves est équitable : le coupable, le vrai, meurt dans l’année. Pour ces prières plus que païennes, les trédarzécois allaient prier à la chapelle Saint-Sul, au hameau de Porz-Bihan.

C’est probablement pour cela que la chapelle va être rebaptisée Notre Dame de la Haine. La chapelle a disparu aujourd’hui mais le culte est resté longtemps après sa disparition.

Ne pensez pas que seuls les trédarzécois étaient vindicatifs au point de demander la mort de leur ennemi à Saint-Yves. Des pèlerinages menaient les « victimes » de torts non réparés jusqu’à la chapelle. Vous ne pouviez pas vous déplacer ? Le saint était magnanime, il acceptait que, pour ces demandes, vous fassiez un pèlerinage par procuration en payant une vieille femme veuve, infirme et peut-être un peu sorcière au fond d’elles, une survivance d’un monde païen pas si lointain. Ces veuves pauvres connaissaient les rituels et effectuaient le pèlerinage pour autrui.

Evidemment, ces pratiques ne plaisaient pas à l’église qui fit fermer la chapelle à plusieurs reprises. Elle fut détruite et le culte perdura sur ses ruines. On la rasa et les deux statues de Saint Yves qui s’y trouvaient furent déposées dans un ossuaire, celui du château du Verger, à une trentaine de mètre. Devinez quoi .. le culte se transporta jusqu’à l’ossuaire.

Les statues disparurent, furent retrouvées. L’une fut brûlée. L’autre, retrouvée à Tréguier chez l’ébéniste Jean Le Picard, à Tréguier, où elle continuait d’attirer les foules.

Elle finit par disparaître en 1985, après avoir été vendue aux enchères. Peut-être continue-t-elle à exercer SA justice, quelque part dans le monde.

Peut-être, probablement, mes ancêtres ont-ils été demander justice auprès de Saint-Yves. Peut-être même que certaines de mes grands-mères ont fait le pèlerinage pour autruis. Pas très catholique tout cela, mais bien breton.

-Saint-Yves, venge-nous!

Durant des siècles, s'est déroulé un étrange rituel autour du culte de Saint-Yves. Avocat des humbles, redresseur de torts, saint Yves est demeuré longtemps le seul détenteur de la vérité. L'imaginaire populaire lui a inventé un double, justicier lui aussi, mais à la vocation vengeresse: "saint Yves de Vérité".

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