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10 juin 2017

Mes dimanches généalogiques : les "aventuriers"

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Petite pause dans le challenge AZ et petit tour du côté de ma famille. Depuis le temps que je fais de la généalogie, je me suis rendue compte que, à quelques exceptions près, nos ancêtres étaient plutôt conservateurs. Ils exerçaient le même métier de père en fils (avec parfois une progression sociale), vivaient dans le même terroir (même s'ils changeaient de commune, ils ne s'en éloignaient pas trop), épousaient des femmes de leur milieu social et géographique. Ce sont ces familles qui ont créés la stabilité de la population.

J'ai bien précisé "à quelques exceptions près". Certaines familles, de par leur profession, voyagent dans tout le département, toute la région, voire même toute la France. Il s'agit des marchands, des militaires, des cheminots, des gens du voyage, des fonctionnaires aussi, mutés au gré des fantaisies de l'administration. N'oublions pas les maçons du Limousin, les auvergnats, les savoyards.

Malgré tout, ces voyageurs-là avaient une certaine stabilité. Ils revenaient au pays une fois leur temps de travail fait, ils se mariaient principalement entre eux. Le voyage était une nécessité professionnelle.

Et puis il y a les "aventuriers". Ceux qui quittent tout, leur famille, leur métier, pour partir loin, sans revenir. Ils se marient dans un autre milieu, avec une "non-payse", et ils font souche ailleurs.

J'en ai deux dans ma famille, de ces aventuriers. Il y a Octave Siméon Marie Gontier, et Dominique Joseph Lecomte. L'un a quitté sa Mayenne, l'autre son Pas-de-Calais, et tous les deux ont échoué au Havre. D'ailleurs, la fille du premier va épouser l'arrière-petit-fils du second.

Gardons Dominique Joseph pour dimanche prochain.

Octave Siméon Marie Gontier est né le 27 octobre 1868, à Saint-Fraimbault-de-Prières, en Mayenne. Il est le quatrième et dernier enfant de Michel Adolphe Gontier et Mélanie Lefoulon, mariés depuis 1863. Quatre enfants en cinq ans mais deux drames. L'aîné, Adolphe Louis, ne vit qu'une journée. Le second, Adolphe Julien, ne vit que dix-neuf mois. Il décède deux semaines après la naissance de sa sœur, Mélanie Honorine. Octave nait deux ans plus tard.

Les parents sont cultivateurs, comme les grands-parents, et les arrière-grands-parents, et ainsi de suite. Cela fait quatre générations sur la commune de Saint-Fraimbault-de-Prières. C'est l'arrière-grand-père René Gontier, qui s'est installé dans la commune, et il ne venait pas de très loin, Saint-Loup-du-Gast, à cinq kilomètres au nord. Et cela faisait quatre générations qu'ils étaient installés là. L'arrière-grand-père de René, François Boisgontier (le François qui a perdu son Bois), venait de Cigné, sept kilomètres plus au nord.

La famille semblait gentiment se déplacer vers le sud toutes les quatre générations. Octave a mis fin à cette migration.

Je me demande ce qu'ont ressenti ses parents, à voir leur seul fils partir au loin, à plus de deux cent kilomètres au nord.

Leur fille aussi est parti. Mélanie s'est mariée avec un employé des chemins de fer. Il l'a emmenée au Mans où il est décédé très tôt, trop tôt, la laissant seule avec un garçon à élever. Elle est revenue en Mayenne mais s'est installée à la grande ville, Mayenne. Son fils ne travaillera pas la terre, il sera avocat et partira dans les Yvelines.

Michel Adolphe et Mélanie restent seuls à Saint-Fraimbault-de-Prières.

Octave Siméon part au service militaire, le 11 novembre 1889, au 5e régiment d'infanterie, mais dans quelle caserne ? Caen ou Paris ? Sa fiche matricule indique qu'il est cultivateur. Il quitte le service le 24 septembre 1892, avec le grade de sergent. Dès le 9 octobre 1893, il vit au Havre. Il s'y marie, le 28 juillet 1897, avec Emélie Alice Robillard, originaire de Seine-Maritime d'aussi loin que je peux remonter ; il exerce alors le métier d'employé de commerce. Il garde ce métier jusqu'en 1900 puis devient charretier. Pas n'importe quel charretier, de ceux qui transportent les marchandises déchargées sur les quais du Havre, depuis les bateaux qui sillonnent les mer du globe. A-t-il pensé un jour prendre la mer lui aussi ?

Trois enfants naissent mais le mariage ne tient pas. Octave boit et est violent. Lorsqu'il s'en prend aux enfants, sa femme part avec ses trois gosses sous le bras. Quand ? sa plus jeune fille, ma grand-mère, devait avoir une dizaine d'année. Elle se rappelle avoir été à Saint-Fraimbault-de-prières, une fois, voir ses grands-parents. Elle était petite, et le long voyage en train, suivi du trajet en charrette jusqu'à la ferme, ne lui ont pas plu. La petite fille de la ville n'était pas habituée à la campagne de Mayenne.

Au moins, Michel Adolphe et Mélanie auront-ils vu, une fois, leurs petits-enfants. Ils décèdent, le premier en avril 1912, la seconde en août 1913.

La guerre arrive et Octave Siméon est appelé, tout comme son fils, Marcel. Si lui revient, Marcel, meure dans la Somme, à Sailly-Saillisel, le 8 novembre 1916, à l’âge de dix-huit ans. Il est le dernier des Gontier de cette lignée, et il n'y en aura pas d'autre.

Le divorce est prononcé le 1er février 1918, et Emelie se remarie le 19 décembre 1919. Elle décède quasiment deux ans plus tard, jour pour jour, de ce qu'on appelait, le cancer de la matrice. Elle laisse ses deux filles, Germaine et Simonne, ma grand-mère. Ces dernières ne fréquentent pas leur père, mais, pour leur mariage, elles vont le voir, pour son consentement, dans le cas de ma grand-mère, juste pour le voir, dans le cas de sa sœur qui est majeure.

Octave Siméon décède le 2 janvier 1929, au Havre. Il aura vu sa petite-fille, Micheline, ma mère, née en 1926.

Gontier Octave

Qui sait quelle mouche l'a piqué pour partir et "casser" une tradition familiale de plusieurs siècles ? Mais, s'il ne l'avait pas fait, je ne serai pas là aujourd'hui.

 

 

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