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11 août 2020

11 août et jours suivants - les refus du commandant Taillant

Phalsbourg-2

Le lendemain du premier bombardement de Phalsbourg, des trombes d’eau s’abattent sur la ville, empêchant les allemands de poursuivre leur attaque et éteignant les incendies.

La journée permet de renouveler les munitions et de continuer les travaux de défense. Le XIe corps allemand qui a mené le début du siège est parti. Après cela, il s’écoule plusieurs jours sans autre attaque.

Le 14 août, à six heures du matin, un parlementaire allemand se présente. Il informe le commandant Taillant des défaites françaises et de la retraire de l’armée sur Paris. Mais l’officier refuse la capitulation.

La 11e division du VIe corps de l’armée allemande prend position, et fait mettre en batterie soixante-douze pièces dont vingt-quatre lourdes, à 3000 m au nord-ouest de Phalsbourg. Les canonniers vont choisir une cible évidente pour pointer leurs pièces : la statue de la vierge qui couronne la tour de l’église.

A 7h30 commence le second bombardement. Pendant 2 heures, les 72 pièces d’artillerie allemande pilonnent la ville. Le feu est avivé par une brise qui propage l’incendie : l’église catholique, les bureaux de la poste, et cinquante-sept maisons sont en feu. Presque toutes les autres maisons sont criblées d’obus.

Le bombardement reprend et durera jusqu’à 6 heures du soir. Une nouvelle délégation prussienne se présente et Taillant refuse encore de céder. Il a l’appui de la population qui refuse la défaite. Dès son départ, trois obus tombent sur la place où la population s’était rassemblée, tuant trois personnes dont une jeune fille de 16 ans, et en blessant huit autres.

Une nouvelle mission parlementaire échoue de la même façon. La petite ville est en ruine et en flammes, mais les français ne cèdent pas. Le VIe corps d’armée s’en va, laissant deux bataillons de mousquetaires et un escadron de dragons devant Phalsbourg.

Environ 5000 obus sont tombés sur la ville, mais il n’y a que deux morts parmi les militaires, et onze blessés. Un tiers de la ville est incendié. Pendant les bombardements qui ont touché l’hôpital, les infirmiers ont conservé leur sang-froid, transportant les blessés et les malades dans la caserne blindée avant de retourner à l’hôpital pour y éteindre les incendies, préparer les médicaments et les porter jusqu’aux blessés, sous une véritable pluie d’obus.

Avant de partir, les allemands coupent l’arrivée d’eau potable de la ville. Mais le travail est mal fait et un filet d’eau parvient quand même aux assiégés, qui devront faire la queue des heures durant pour une cruche d’eau. Les citernes militaires réparées fourniront l’eau de pluie et le génie restaure trois vieux puits dans les fossés.

Les bombardements ont cessé, mais pas les malheurs de Phalsbourg. Le 15 août, jour de la fête de l’empereur, quelques cas de variole noire se déclarent. Le 16, quelques femmes avec leurs enfants essayent de fuir la ville, mais sont refoulés par les prussiens.

Le 20 août, les troupes du blocus prussien sont renforcées.

A partir du 24 août, la viande devient rare. Une sortie, le lendemain permet de s’emparer de 14 bœufs et 10 chevaux ramenés en ville. La famine n’est pas encore là.

Le 31, vers 10 heures du soir, un obus allemand éclate au milieu de la place d’arme. Le troisième bombardement commence mais ne dure qu’une heure.

Entre information et désinformation, la garnison de Phalsbourg ignore ce qui se passe à l’extérieur. Un journal allemand qui leur parvient, le 9 septembre, leur apprend que l’empereur a été déchu et que la république a été proclamée. Mais est-ce vrai ?

Le 10, le major de Giese qui commande les troupes prussiennes du blocus, informe Vaillant qu’un officier de la garnison pourra voir un général français fait prisonnier. C’est le lieutenant Bréchin, du 63e qui y va. Il rencontre des officiers français qui l’informe de la réalité des combats et que le maréchal de Mac-Mahon a été blessé et fait prisonnier.

Mais Phalsbourg ne renonce pas.

Le 14 septembre, à 4 heures du matin, les isolés (300 hommes) et le bataillon du 63e sortent en silence de la ville et attaquent et enlèvent par surprise le village de Büchelberg occupé par une compagnie du 2e bataillon de Landwehr. Butin : neuf bœuf, trois veaux, quatorze porcs et trois chevaux. Cela coutera deux morts et deux blessés. Cette opération nocturne a été guidée par trois habitants de Phalsbourg, volontaires.

Le lendemain, la ville subit son quatrième bombardement.

Les vivres commencent à diminuer et il n’est plus possible de récupérer du bétail à l’extérieur. Le froid approche. Les isolés manquent de chaussures et de linge, les gardes mobiles n’ont que des habits d’été et une épidémie de variole noire encombre l’hôpital. Toutes les ressources de la ville sont mises en réquisition pour fournir à chaque homme une paire de souliers ou de sabots, un pantalon de drap et un peu de linge. Dans la garde mobile, les gradés ont enfin un uniforme complet et les hommes une casquette en grosse flanelle.

La viande est rationnée à partir du 20 octobre, puis est remplacée par des pâtes d’Italie que le comptable fait fabriquer à raison de 120 kg par jour.

Début octobre également, il n’y a plus de sel ou de graisse. Le lait fait défaut en ville, mais il y en a à l’hôpital, grâce au pharmacien qui l’a concentré dès le début du siège. Il y a encore du vin et de l’eau-de-vie.

Cela, c’est pour la garnison. En ville, la population civile souffre encore plus. La farine venant à manquer, on remet en marche des moulins à bras datant du siège de 1814. Ils produiront 300 kg de farine par jour. Il n’y a plus de tabac. Les hommes risquent leur vie pour quelques grammes grapillés dans les villages voisins.

Le 23 septembre, un fourgon médical de l’Internationale, escorté par un capitaine anglais apporte un précieux chargement de médicaments, enveloppés dans la presse anglaise. Sa lecture ne laisse aucun doute sur l’état de la France.

Pendant tout ce temps, la canonnade s’est faite entendre du côté de Strasbourg. Les nouvelles de son siège sont parvenues à Phalsbourg. Mais, dans la nuit du 27 au 28, il n’y a plus aucun bruit provenant de cette direction. Strasbourg est tombé. Malgré tout, la garnison refuse de céder.

A chaque capitulation d’une place forte, le major de Giese informe le commandant Taillant et lui demande de se rendre. La réponse est la même à chaque fois. Taillant refuse. Le siège continue.

A partir du 16 novembre, il n’y a plus ni sel ni vin. Les fusillades sont journalières.

Dans la nuit du 25 novembre, nouvelle fusillade, vers 11 heures du soir, suivie par le cinquième bombardement subi par Phalsbourg, depuis le début du siège. Il va alterner avec des fusillades, toute la journée. Les français ripostent, à tel point que des projectiles ont atteint la gare et le village de Lützelbourg à 4 km, détruisant une pièce d’artillerie ennemie. Les allemands ne pensaient pas que l’artillerie de la garnison puisse les atteindre aussi loin.

Mais la garnison est à bout. Le commandant Taillant doit se rendre à l’évidence, aucun secours ne viendra à leur aide et la famine est la. Il ne peut sacrifier ni ses hommes, si les civils. Il va falloir se rendre.

Le 9 décembre, le conseil de défense de Phalsbourg décide de procéder à la destruction du matériel de guerre. Cela durera trois jours. 50 000 kg de poudre sont jetés dans la neige, au pied des remparts. Dès qu’un tas dépasse la neige, le feu y est mis. Les cartouches sont démolies et noyées, les canons encloués, les affûts sciés, les fusils brisés. Il est hors de question que l’ennemi puisse retourner ces armes contre les français.

Le 12 décembre, soit quatre mois après le début du siège, le commandant Taillant fait prévenir le major de Giese de la reddition de Phalsbourg.

Le 13, les allemands entrent dans la ville. Une foule considérable, venue des villages voisins accourent, chargée de provisions, à la recherche de parents, dont beaucoup manquent à l’appel. Les allemands font entrer des fourgons de vivre immédiatement distribués à la garnison. Cette foule est une chance pour beaucoup de garde mobile. N’ayant pas d’uniforme, le handicape se transforme en avantage et ils se mêlent aux villageois pour s’échapper.

Le 14, à midi, la garnison de Phalsbourg sort de la forteresse sous une pluie battante et un violent vent d’ouest qui arrache le drapeau allemand que l’on tente de dresser. Les 980 hommes en état sont emmenés prisonniers en Allemagne. Un certain nombre d’entre eux réussit à s’échapper à la gare. Après être monté dans le train qui doit les emmener en captivité, ils se rendent compte qu’il n’y a des gardes armés que d’un côté des wagons. Une chance pour certains d’entre eux.

Le lendemain, c’est le tour des officiers de partir en captivité.

Pendant les quatre mois du siège de Phalsbourg, 250 personnes ont attrapé la variole et soixante dont vingt-quatre militaire, en sont mortes. 705 Hommes ont été soignés à l’hôpital pour d’autres maladie, qui furent fatales pour quinze d’entre eux. Deux cent cinq furent soignés pour blessures avec le miracle de seulement deux morts de leurs blessures. Durant toute la durée du siège, il n’y a eu que sept hommes tués dans la garnison, et trois civils dont une jeune fille de seize ans.

Le bilan aurait pu être pire.

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