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10 août 2020

Le 10 août 1870 - Début du siège de Phalsbourg

Phalsbourg

Il n’y a pas qu’à Lichtenberg que l’on entend les bruits des combats de Frœschwiller et Woerth. A Phalsbourg, 50 km, la bataille se fait entendre. Et comme à Lichtenberg, au petit matin du 7 août, les débris de l’armée française défilent dans la ville. Quoique « défile » sonne comme une victoire, alors que le spectacle est plus que lamentable. Les hommes sont démoralisés, épuisés, souvent sans matériel, parfois sans arme. La glorieuse armée d’Afrique est vaincue. Les seuls à conserver le moral sont les tirailleurs algériens. Ils ont conservé leurs affaires, grâce à leurs chefs, ils sont fatalistes et gais à la fois. Cela fait un étonnant contraste.

Les troupes en déroutent ne font que traverser Phalsbourg, après y avoir pris un peu de repos. Où sont les officiers ? Un chef de bataillon, deux capitaines, trois lieutenants et quelques soldats forment ce qu’il reste du 56e. Tous les autres sont morts, blessés, égarés. Cela continue les jours qui suivent. Après s’être ravitaillés, les hommes repartent pour Sarrebourg.

Comme à Lichtenberg, il n’y a que la garnison pour défendre la ville. Sous les ordres du commandant Taillant, âgé de cinquante-quatre

Taillant

ans. Elle comprend le 4e bataillon du 63e, arrivé le 4 août avec 450 hommes constitués en quatre compagnies, le 1er bataillon de la garde mobile de la Meurthe, organisé en huit compagnies et un noyau de la 1ère batterie principale du 9e d’artillerie.

Les gardes mobiles ne sont que 750 au lieu du double prévu. Ils n’ont ni habillement ni équipement. Ils sont comme ils ont quitté leurs villages, en blouse bleue, pantalons de toile et sabots et c’est dans cette tenue qu’ils vont passer l’hiver. Les mobiles manquants, 115 qui n’ont pu rejoindre leur bataillon à temps, parviendront à le rejoindre pendant le siège, en traversant les lignes du blocus. Les autres rejoindront les corps francs ou d’autres régiments de province.

Les artilleurs sont arrivés le 6 au soir, deux officiers et 52 hommes. Un certain nombre d’habitants volontaires ayant déjà servi dans l’artillerie vont leur prêter main forte, ainsi que 200 auxiliaires pris dans la garde mobile. Dans la place, se trouve déjà un capitaine commandant l’artillerie, un garde et deux gardiens de batterie.

A ces effectifs, on peut ajouter une centaine d’hommes de la garde nationale sédentaire.

Tous les hommes arrivés après la défaite de Woerth ne repartiront pas. 330 isolés (dont 150 blessés), tirailleurs algériens, zouaves, chasseurs à pied, etc. vont rester à Phalsbourg, augmentant ainsi la garnison.

Cela fait un total de 1682 hommes, dont la moitié n’a suivi aucun exercice militaire.

Contrairement à Lichtenberg, cette garnison plus conséquente à deux médecins militaires, un capitaine du génie avec un casernier.

Les fortifications ne sont pas en bon état. Laissées à l’abandon depuis 1815, des travaux ont été commencés à partir de 1866 : quelques abris voûtés ont été construits sur les remparts.

Phalsbourg-1

Pour la défense, quarante pièces d’artillerie sont en place. A la fin du siège, il y en aura soixante-cinq.

Outre une caserne d’infanterie et une caserne de cavalerie datant de Louis XIV, il y a une caserne neuve, blindée à l’épreuve des bombes, un arsenal, deux poudrières creusées dans la roche, un hôpital militaire de 120 lits. Il reste, après avoir alimenté les troupes de passage, 340 000 rations.

La population de Phalsbourg, intra-muros, est composée de 1 854 habitants, en grande partie des anciens soldats, fils ou petit-fils de soldats, qui viendront grossir les rangs des combattants.

Le 8, à neuf heures du soir, le commandant Taillant déclare la ville en état de siège et fait accélérer les travaux de défense. Les places d’arme du chemin couvert, en face de la porte d’Allemagne et de la porte de France, sont palissadés. L’artillerie complète son armement, et commence à entraîner les 200 mobiles qui lui ont été attribués.

Des détachements parcourent les alentours pour récupérer un maximum de bétail qui est parqué dans les fossés de la forteresse. Le siège promet d’être long.

Au milieu de toute cette attente fébrile, une bonne nouvelle arrive, à pied.

Six artilleurs et vingt-huit hommes du 96e, commandés par le sergent-major Boeltz, arrivent à Phalsbourg, le 9, à cinq heures du soir. Il s’agit de la garnison de la Petite-Pierre, à dix km au nord. Comprenant qu’ils n’avaient aucune chance de résistance, ils ont enterré leurs dix pièces d’artillerie et les cartouches et noyé leurs trente-deux barils de poudre avant de se faufiler dans les bois, au nez à la barbe des prussiens. Voilà un renfort bien accueilli.

Le mercredi 10 août, à 8 heures du matin, un officier prussien se présente en parlementaire pour demander leur reddition. Sans succès. Trois autres demandes seront faites avec la même réponse.

A sept heures du soir, dix batteries ennemies ouvrent le feu.

3000 Obus vont tomber sur la ville pendant une heure et demie. L’arsenal, l’hôpital, les poudrières, l’église et soixante-dix-sept maisons sont criblées de projectiles. La garnison riposte en même temps. Ce bombardement coûte à la garnison deux morts, vingt-quatre blessés et une pièce d’artillerie.

Et les civils ?

Pourtant, les ordres des prussiens étaient d’investir Phalsbourg et non de bombarder Phalsbourg. L’ordre dû être mal lu : « einschiesen » au lieu de « einschliesen ». La canonnade est entendue dans une partie de l’Alsace.

Le siège de Phalsbourg vient de commencer.

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