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1 décembre 2019

Les bourreaux de Blois : Ce qu'il y avait avant

calendrier-avent-1_12

Le sujet n'est pas franchement joyeux, mais, en généalogie comme dans la vie, tout finit par la mort. Le calendrier de l'Avent, cette année, ne va pas déroger à cette règle, mais en parlant, non pas de ceux qui meurent, mais de ceux qui donnent la mort : les bourreaux ; et pas n'importe lesquels, les bourreaux de Blois.

Pour le premier jour du calendrier de l'Avent, nous allons parler de l'Avant.

Depuis Thibaud le Tricheur, la ville de Blois se trouve au cœur du comté du même nom.

A la fin du XIIIe siècle, le comté de Blois s’étend de Châteaudun à Château-Renault, de Fréteval à Vierzon, et contenant une bonne partie de la Sologne.

Fourches_patibulaires_Aquarelle_18°S

Le droit de justice du comté l’autorise à avoir des fourches patibulaires. Il s’agit d’un gibet constitué de deux colonnes, en bois ou en pierre, surmontées d’une traverse horizontale en bois. C’est sur la poutre horizontale que sont fixées des chaînes. Et c’est à ces chaînes que l’on pend ou accroche les dépouilles des condamnés.

Les fourches patibulaires de Blois sont situées à l’embranchement des routes de Vineuil et de Saint-Gervais, sur le territoire actuel de Vineuil.

Placées au bord de ce chemin très fréquenté, ce gibet, est la marque du pouvoir du Comte, ayant droit de haut justicier, donc de vie et de mort, sur ses sujets. Plus tard, le roi de France va restreindre ce droit jusqu’à ce qu’il soit le seul à avoir le droit de mort, mais, à cette époque, il en est loin.

Les fourches patibulaires sont donc un symbole fort pour le Comte, et les corps des suppliciés doivent y rester exposés, comme rappel que sa loi prévaut.

Le nombre de piliers composant ces fourches patibulaires est également un symbole de la puissance du seigneur.

Blois étant un comté, les piliers sont au nombre de six. Pour mention, les ducs, au-dessus des comtes, ont droit à huit piliers, et le roi en a autant qu’il veut. Le gibet de Montfaucon, à Paris, en a douze.

Qui dit fourches patibulaires, dit condamnés exécutés, dit exécuteur. Il faut un bourreau pour exécuter les sentences de la justice.

Mais, avant le XIVe siècle, il n’y a pas de bourreau titulaire à Blois.

Lorsqu’il faut exécuter un criminel ou appliquer une sentence comme le fouet, le carcan, la roue, la flétrissure, etc., la justice du comté fait appel aux meuniers, mais pas n’importe lesquels : les meuniers des moulins de bois flottant sur la Loire.

Ces moulins appartiennent pour certains, à l’abbaye de Saint-Laumer et pour d’autres, au prieuré de Saint-Jean-de-la-Grève.

Pourquoi cette charge leur incombe-t-elle ? Quelle en est l’origine ?

Il est probable qu’un comte de Blois a trouvé utile de se débarrasser de cette corvée en la joignant au droit d’usage des moulins.

Le problème est que cette tâche ne plait pas beaucoup. Si la population est friande du spectacle, voir un criminel être puni, un voisin se faire fouetter, une voisine être marquée au fer rouge, sont des spectacles auxquels toute la famille assiste, personne ne veut être celui qui manie le fouet et le susdit fer rouge, et encore moins celui qui tue.

Cela devient si problématique que l’abbaye de Saint-Laumer et le prieuré de Saint-Jean-de-la-Grève, se retrouvent, un jour, à court de fermier pour leurs moulins.

Vers 1330, un traité est passé entre Robert, abbé de Saint-Laumer, et le comte de Blois, Guy 1er de Blois Châtillon, pour que les moulins appartenant à l’abbaye soient dispensés de la charge du bourreau. Evidemment, ce traité est conclu en échange d’un paiement.

Restent les moulins de Saint-Jean-de-la-Grève. Vers 1336, Guy 1er dispense à son tour, les deux moulins du prieuré, de la charge de bourreau. En échange, chaque moulin devra fournir au comte, quatre setiers de blé, par an, à la Saint-Michel.

Les meuniers sont donc exemptés de la charge de bourreau, mais la justice continue à prononcer des condamnations à mort ou autres. Il faut donc trouver quelqu’un pour appliquer les sentences. La suite demain.

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