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31 janvier 2021

Le mystère Villevarlange ou la ballade des corps

Le premier volet du challenge UPro-G 2021 porte, pour le mois de janvier, sur une tombe. Les tombes, ce n’est pas ce qui manque dans mes archives. Laquelle choisir ?

En parcourant les photos du cimetière de Blois ville, j’ai retrouvé celle de la famille Villevarlange-Monberger. Rien ne la différencie des tombes de la même époque, si ce n’est ce mot « Titanic ».

« A la mémoire de Pierre Villevarlange né le 28 février 1893 Victime du Titanic le 15 avril 1912 dans sa 19e année ».

Villevarlange-2

Une victime du Titanic au cimetière de Blois !! Enfin, un hommage plutôt. Qui était-il ? Un passager ? Un membre de l’équipage ? Et qui sont Victor et Juliette Villevarlange inhumés dans ce caveau de famille ?

Quelques recherches plus loin sur le net, l’histoire tragique de Pierre Villevarlange se déroule, au fil des pages.

Pierre Léon Gabriel Villevarlange, de son nom complet, était le fils unique de Jean Villevarlange, mégissier, et de Juliette Estelle Monberger, lingère. Il est né le 28 février 1893, à Amboise, rue Nationale. Ses parents sont mariés depuis le 29 avril 1891, à Amboise également, âgés, au moment de sa naissance, de vingt-trois et vingt-sept ans. Jean est natif de Lusignan, dans la Vienne. Juliette est native d’Amboise.

Pierre sera leur seul enfant.

Il est employé au restaurant de première classe A la carte à bord du Titanic, affecté au poste d’assistant cuisinier aux potages.

1200px-RMS_Titanic_3

Quatre jours avant l’appareillage, Pierre envoie une carte postale à sa fiancée, au pays, Augusta Oger, dont les parents tiennent une boutique de couronnes mortuaires, à Amboise. La carte ne contient que quelques mots « Je suis depuis jeudi matin à Southampton. Nous avons commencé à travailler.  Nous partons mercredi matin pour New-York. Bien le bonjour à ton papa et à ta maman. Ton petit ami qui t’embrasse. Pierre Villevarlange, Southampton, 4, Queen’s Park Terrace ».

La carte parviendra à la jeune femme trois jours après le naufrage.

Consigné, comme tous les cuisiniers, dans sa cabine, au moment du naufrage, Pierre fait partie des victimes dont le corps n’a jamais été retrouvé, probablement resté piégé dans l’épave, au fond de la mer. Des soixante-sept membres du personnel du restaurant, seul trois survécurent : les deux caissières et le réceptionniste.

villvarlange_plg_faire_part_h.jpg (451×599) (free.fr)

Ce sont les renseignements que j’ai recueillis à la lecture d’un article du Journal de La Nouvelle République paru en 2018

 


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https://www.lanouvellerepublique.fr

 

Il est temps, maintenant de vérifier ce qui peut l’être et de s’intéresser aux occupants de la tombe.

Le père, Jean, décède le 23 octobre 1929, à Amboise, à l’âge de soixante ans. Le lendemain, sa femme prend une concession au cimetière de Blois. Pourquoi ?

Juliette Estelle Monberger, décède le 18 novembre 1940, toujours à Amboise, à l’âge de soixante-quatorze ans et est inhumé au cimetière de Blois, avec son mari.

Le souvenir de leur fils ne les a jamais quittés et son nom est gravé sur leur tombe. Cependant, il y a une petite erreur sur la pierre tombale. Au lieu de Jean Villevarlange, il est écrit Victor Villevarlange !! Pourquoi ?

Et pourquoi sont-ils inhumés à Blois ?

Avant de m’attaquer à cette question, j’aimerais bien identifier sa petite amie.

L’article de presse dans laquelle j’ai trouvé les renseignements principaux indique que la demoiselle est âgée de dix-neuf à vingt ans, son âge à lui et qu’elle ne s’est mariée que longtemps après. Cette image romantique de la jeune fiancée désespérée va-t-elle tenir face à la réalité des actes.

Les souvenirs de la vieille dame qui a permis la rédaction de l’article étaient un peu aléatoires. Augusta Oger, Augusta Hélène Marie Oger de son nom complet, n’a que treize ans lorsque Pierre lui écrit. Dans quel sens prendre les mots « ton petit ami ». Ces mots avaient-ils la valeur qu’on leur donne aujourd’hui ?

Ce qui est certain, c’est qu’ils étaient voisins. Ils vivaient tous rue nationale et, à la naissance d’Augusta, Jean Villevarlange était témoin de la déclaration en mairie. Augusta est bien partie vivre à Saumur, comme l’indiquait l’article de presse, et elle y est décédée le 5 août 1983.

Maintenant que la jeune amie est identifiée, j’aimerais bien savoir pourquoi la tombe se trouve à Blois, alors que tous sont d’Amboise et y sont décédés, excepté Pierre évidemment.

Avant de m’attaquer à la recherche généalogique, covid oblige, je passe un petit coup de téléphone au conservateur du cimetière, afin de savoir où je vais. J’apprends de sa part, deux choses.

La première, triste, est que la tombe est arrivée à échéance et que personne n’a encore reconduit la concession. J’espère que la mairie va considérer cette tombe comme à valeur historique, même si aucun mort du Titanic n’y est enterré.

La seconde m’a donné le nom de la personne qui s’occupait de la concession à la mort de Juliette : Paul Perrin.

Qui était Paul Perrin ?

Je me suis rappelée alors que Paul Perrin était témoin au décès de Jean Villevarlange. Paul Perrin, quarante-quatre ans, entrepreneur de marbrerie à Blois, son neveu. Voilà mon premier lien entre la famille Villevarlange et Blois.

Il faut que je creuse encore cette histoire de tombe, sans mauvais jeu de mot. Je me déplace au cimetière pour en savoir plus : qui est dans la tombe, et refaire des photos.

Le conservateur répond gentiment à mes questions, et j’apprends qu’une autre tombe existe, dans laquelle se trouve Paul Perrin. Elle est proche de celle des Villevarlange, très proche, et comporte plusieurs noms, dont celui de Monberger. En fait, six personnes reposent dans cette deuxième tombe : Eudoxie Nesme née Gastien, Angèle Daridan née Nesme, Louise Perrin née Monberger, Jean Perrin, Paul Perrin et Jeanne Daridan femme P. Perrin.

Perrin-2

Il y a une autre plaque, plus bas, salie par le temps et les mousses. Un petit nettoyage sommaire s’impose et me permet de lire enfin, ce qui ne figure pas dans le registre du cimetière : « A la mémoire de Jean Perrin, tué à l’ennemi le 8 7bre 1914 à la Fère Champenoise à l’âge de 24 ans ».

Perrin-3

Autre tombe mais même douleur, avoir perdu un enfant dans la fleur de l’âge sans pouvoir se recueillir sur sa tombe.

Cette fois, je n’y coupe pas, je vais faire un peu de généalogie et ce que je découvre est plutôt étonnant.

Juliette Estelle Monberger, la mère de mon pauvre « Titanic », a eu trois sœurs et deux frères. Excepté sa sœur Victorine, décédée à Paris le 31 octobre 1941, ils sont tous décédés avant elle, bien avant elle.

Le dernier, Victor, est décédé la même année que son mari, Jean Villevarlange, en 1929. Tient !! Un Victor. Et ils sont tous morts à Amboise, excepté Victor, décédé, comme Victorine, à Paris.

Juliette est donc restée seul, à Amboise. Il reste les neveux.

Le fameux Paul Perrin, ou plutôt René Paul Jules Perrin, est le fils de sa sœur, Héloïse et de Jean Marie François Perrin, les Louise Perrin née Monberger et Jean Perrin de la deuxième tombe. Pourtant, Héloïse, comme sa sœur Juliette, est décédée à Amboise.

Héloïse est décédée en 1922, à l’âge de soixante-cinq ans. Elle n’a eu que deux fils, René Paul Jules et Jean Victor. Ils sont tous les deux partis à la guerre. René Paul aura la « chance » de tomber très vite malade et d’être évacué sur Villefranche-sur-Saône. De là, il va être affecté au travail en usine. Jeune marié et père d’une petite fille, il va pouvoir continuer sa vie de famille malgré la guerre, car sa femme, Jeanne Daridan, le rejoint, et c’est là-bas que va naître leur fils, Jean, en 1916. De retour à Blois, après la guerre, ils auront une petite fille.

Pour son petit frère, en revanche, le sort sera cruel. Le caporal Jean Victor Perrin, du 135e régiment d’infanterie, matricule 1270 de la classe 1911, est tué à l’ennemi, le 9 septembre 1914, à la Fère Champenoise, dans la Marne.

Après Juliette qui ne pourra pas enterrer son fils, c’est le tour d’Héloïse d’être privée de cette consolation. Jean Victor est inhumé dans la nécropole nationale Fère-Champenoise, dans une tombe individuelle, numéro 1935.

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La plus jeune sœur Monberger, Victorine, vit à Paris, il ne reste donc plus, à Juliette, que son neveu, Paul, qui vit à Blois. D’ailleurs, quand est-il arrivé à Blois ?

Si j’allais faire un petit tour dans sa vie. Il commence sa vie professionnelle comme plâtrier, et, en 1911, il vit à Herbault. C’est là qu’il rencontre sa future femme, Jeanne Julie Daridan, qu’il épouse, le 27 septembre 1912.

Mais, entre-temps, il s’est installé à Blois, rampe de la gare. Puis il va emménager rue du docteur Desfray. Son père, Jean Marie François, natif des Côtes-d’Armor, vit avec lui. Il décède le 23 février 1925, à l’âge de soixante-dix ans. Paul n’a plus ni parents, ni frère.

Question pour l’instant sans réponse : à la mort de son oncle, Jean Villevarlange, en 1929, sa tante, Juliette, est-elle venue vivre à Blois, chez lui ?

Ce qui expliquerait pourquoi son mari a été inhumé à Blois et non à Amboise. Et si oui, quand est-elle repartie vivre à Amboise ? Est-ce à cause de la guerre ?

Elle y décède le 18 novembre 1940 et est inhumé avec son mari, à Blois. Son neveu ne lui survit pas très longtemps. Paul décède chez lui, à Blois, le 29 mars 1944.

Et c’est là que je m’intéresse à sa tombe. Il est inhumé avec son père, et sa mère, bien qu’elle soit décédée à Amboise. Jeanne Daridan, sa femme, y sera inhumée à son tour, en 1984.

Mais qui sont les deux femmes enterrées avec eux ? Aucune date n’est mentionnée. Elles ne sont pas de la famille de Paul, donc, elles doivent être de la famille de sa femme.

Et là encore, les corps se sont promenés sur les routes.

Angèle Daridan née Nesme, est la mère de Jeanne Daridan. Elle est née Jeanne Angèle Eudoxie Nesme et a épousé Léon Armand Daridan à Vendôme, en 1891. Elle décède à Herbault, le 10 août 1894, à l’âge de vingt-six ans. Sa fille n’a que deux ans, et son père se remarie deux ans plus tard, avec Juliette Marie Theveau, à Châteauroux. Mais il ne vit pas bien vieux lui non plus. Léon Armand Daridan décède le 17 novembre 1897, à Herbault.

Où a-t-il été inhumé ? Probablement à Herbault, mais a-t-il été inhumé avec sa première femme ?

Jeanne n’a que cinq ans à son décès et n’avait pas voie au chapitre sur le sujet. Tout ce que je sais, c’est que le corps d’Angèle n’est plus à Herbault, mais à Blois, et pas celui de Léon.

Quant à Angèle Nesme née Gatien, c’est la mère d’Angèle, la grand-mère de Jeanne. Je ne sais pas quand elle est décédée. En 1906, elle vit toujours à Herbault, seule. Les registres d’Herbault sont partis à la numérisation, je n’ai pas pu chercher son décès. Est-elle décédée à Herbault ? A Blois ? Ailleurs ? Lors du même recensement, Jeanne vit aussi à Herbault, mais avec sa grand-mère paternelle, Anne Blau. Et elle ? Où est-elle inhumée ?

La boucle est bouclée. Deux sœurs ayant perdu chacune un fils sans pouvoir l’enterrer, sont inhumées dans des tombes quasi voisines, avec leur mari. L’une a également pour compagnie, son fils, sa belle-fille, la mère et la grand-mère de sa belle-fille. Sur ces huit personnes, seuls trois sont décédés à Blois.

Une chose est certaine, dans cette famille, quand on déménage, on emmène ses morts.

Perrin-1

Villevarlange-3

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Commentaires
T
j"ai bien conne le frere de l'ami de ce jeune homme, serveur embarque sur le titanic.<br /> <br /> c'etait le mari d'une proche cousine de ma gd mere maternelle.Toites feux habitaient Tours. Quqnd ,petite j'y allais en vacances, on leur rendait visite. Les cousines causaient braucoup entre elles. <br /> <br /> Mais jamais un mot sur le Titanic ni ce jeune homme decede tragiquement. Du restaurant seule la caissiere est revenue chez elle a Liverpool. Rlle avait rte sutorisee a embarquer sur une chaloupe. (lu sir un livre consacre au personnel du Titanic originaires de Liverpool)
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