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12 novembre 2018

Challenge AZ - les disparus de Signeulx : J comme Marcel Robert Adrien Jatteau

Rue du Poinçon Renversé

Il n’y a rien de gai dans les dossiers de Mort pour la France. Il y a des choses ironiques, intéressantes, parfois extraordinaires, mais rien de gai. Le dossier de Marcel Robert Adrien Jatteau ne fait pas exception.

Le 19 novembre 1917, une jeune femme décède chez elle, 3 rue du Poinçon Renversé, à Blois. Elle s’appelle Léonie Eugénie Alexandrine Rouzière. Elle a vingt-cinq ans.

Est-elle mariée ? Est-elle veuve ? Comment le savoir ?

Le 5 août 1914, son mari, Marcel Robert Adrien Jatteau, vingt-trois ans, a pris le train avec son régiment, le 113e régiment d’infanterie. Il fait partie de la 2e section de mitrailleuses. Il est parti à la guerre.

Le 23 mai 1916, l’armée a dressé un acte de disparition. Son jeune époux, Marcel, est porté disparu depuis le 22 août 1914, à Signeulx, au cours d’un violent combat où le régiment dut se replier. Il est présumé prisonnier.

Cela fait plus de trois ans que Léonie attend. Elle attend des nouvelles, des nouvelles de son mari, des nouvelles de la Croix-Rouge, des nouvelles des associations d’aide aux familles. Et là, elle meurt, sans savoir, qu’en fait, elle part rejoindre son mari. Seule consolation, ils ne laissent pas d’orphelin derrière eux.

Si son mari est mort au combat, entouré de ses frères d’arme, Léonie décède entourée de ses beaux-parents, avec lesquels elle habite. Albert Jatteau et Marie Silvine Fortin, sa femme, ne comptent plus leurs larmes. Leur fils aîné a disparu. Leur belle-fille se meurt. Leur deuxième fils, Camille Albert, a été grièvement blessé au dos et intoxiqué par les gaz, le 15 novembre 1916, à son poste d’artilleur (Ce qui lui vaudra la croix de guerre avec palme). Le neveu d’Albert, Raymond Jules Jatteau, est mort à la guerre. Lui aussi était au 113e, à la bataille de Signeulx. Mais ce n’est pas là qu’il est tombé, au champ d’honneur. Il a été tué à l’ennemi, à Pontavert Juvincourt, le 17 avril 1917. Il laisse une veuve et un enfant.Et le plus jeune fils d’Albert et Marie, André Ernest, a déjà été recensé, il va bientôt partir à son tour.

Au 3 rue du Poinçon Renversé, l’ambiance est lourde de chagrin et de peur.

Albert et sa femme accompagnent leur belle-fille, la jeune Léonie, jusqu’à sa dernière demeure. Ce chemin de larme nécessaire au travail de deuil, ils ne pourront l’accomplir pour leur fils aîné.

Le nom de Marcel ne figure pas sur la liste des soldats français morts les 21 et 22 août 1914, dressée par le curé de Signeulx et le bourgmestre de Mussy-la-Ville et le Graberbüro de Virton. Il est à jamais disparu, inhumé dans une fosse commune ou une tombe individuelle sans nom.

Le jeune André réagit à sa manière, il se rebelle. Il est en colère. Coups et blessures, bris de clôture, il est condamné trois fois, fin 1917, avant de partir, le 20 avril 1918, au 95e régiment d’infanterie. Il trouve, là-bas, de quoi extérioriser sa colère.

Il ne part pas au front pour la guerre qui lui a pris son frère aîné et blessé le second. Le temps de faire ses classes, l’Armistice a sonné. Il part aux armées, pour un an, puis en occupation des pays Rhénans et enfin, en Orient. Là, il est blessé à la cuisse, par balle, ce qui lui vaut une citation à l’ordre du 412 régiment d’infanterie « caporal énergique et plein d’entrain, a été blessé au combat du 1er septembre 1920 à Kurt Epée, en entrainant vaillamment son groupe à l’attaque malgré un feu meurtrier. ».

Camille Albert est rentré à la maison. Le 5 avril 1919, et a épousé Désirée Célestine Revault.

Il ne reste plus d’André Ernest.

De retour d’Orient, début 1921, il intègre le 113e Régiment d’Infanterie, le régiment de son frère aîné. La boucle est bouclée. Il se marie en 1925, avec Renée Janson.

Le nom de Marcel est gravé sur le Monument aux Morts de Blois. Juste au-dessus du sien figure celui de Raymond Jules Jatteau, son cousin germain.

Monument aux morts

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