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14 décembre 2020

14 Décembre 1870 - Les marins de Cherbourg combattent à Freteval

Armée de la Loire :

Bien que Vendôme soit une position stratégique, formant un carrefour de routes et de voies ferrées, la ville n’est pas défendable. Elle s’étend en majeure partie sur la rive gauche du Loir. La rive droite, constituée d’une chaine de coteaux dominant la vallée est plus facile à défendre.

Pour le général de Chanzy, il ne s’agit pas de défendre Vendôme, mais de consolider ses troupes et de retarder la marche de l’ennemi. Les lignes de la deuxième armée de la Loire forment un arc partant de Bonneval à Château-du-Loir, par Châteaudun, Cloyes, Vendôme et Montoire.

14décembre

Le général de Chanzy ne s’éloigne pas de la route de Paris, attendant que Bourbaki se soit réorganisé pour marcher sur la capitale. Cet espoir se fracassera sur les combats qui vont suivre. L’évacuation de Vendôme est donc ordonnée, afin de faciliter la retraite sur Le Mans.

Cela fait longtemps que la ville sert de refuge aux blessés et aux malades. Les hôpitaux et ambulances sont bondés mais il faut faire de la place pour les combats qui menacent. Le général fait évacuer les malades les plus graves sur Tours, par le train, pendant que les voitures qui apportent des vivres depuis la ville du Mans, repartent chargées de convalescents.

Malheureusement, les prévisions du général de Chanzy sont mises à mal par l’ennemi. Il se montre en force, sur le front du 21e corps, menaçant Morée et attaquant Fréteval.

Seul un bataillon de marins se trouvent à Fréteval, le 4e bataillon de fusiliers marins de Cherbourg. Assaillis par une division bavaroise soutenue par son artillerie, les marins doivent céder devant le nombre et ne peuvent conserver que la gare de Fréteval. Le général Jaurès tente de regagner le terrain perdu et envoie la brigade du Temple soutenue par les marins du commandant Collet, pour reprendre le village. Ce dernier y trouve la mort et les marins doivent reculer, laissant nombre d’entre eux sur le champ de bataille, dont le lieutenant de vaisseau, MCM de Boysson. Le commandant du Temple doit renoncer à reprendre Fréteval.

Les marins ne sont pas les seuls à perdre des hommes et des officiers. Le sous-lieutenant E. Olivier, des mobiles de Bretagne, est tué au combat. Aux 26e régiment de ligne, 13e bataillon de marche des chasseurs à pieds, au 78e régiment de mobiles (Lot-et-Garonne, Vendée, Gironde), au 2e bataillon de la Loire-Inférieure et au bataillon de Bretagne, comme chez les marins, les officiers et les hommes tombent.

Près du Mans, le petit groupe de Denis Erard, du 33e régiment des mobiles de la Sarthe cantonne au Gué-de-Maulny, sur les bords de l’Huisne. Denis Erard est de retour dans sa compagnie, après avoir pris du repos et du réconfort dans sa famille. Il cantonne dans les anciens bâtiments du moulin, employés par le service des eaux de la ville. Comme l’indique sa fonction, le lieu est humide, mais la paille et les couvertures de laine ne manquent pas, pour une fois. Une autre chose a été livré par l’intendance : deux grands sacs du service de la poste adressé au 33e mobile. Cela fait douze jours que les hommes n’ont reçu aucun courrier. C’est Denis Erard qui est chargé de faire le tri : par bataillon et par compagnie. Douze jours, entre temps il y a eu Loigny, Villorceau. Nombre de ses lettres ne seront jamais ouvertes par leurs destinataires, tombés au combat.

A Janville, Raoul de Saint-Venant est au plus mal. Se blessure suppure ; sa jambe enfle énormément. Le soir venu, son état est grave. Interrogée par de Maricourt, la religieuse qui les soigne est persuadée qu’il ne passera pas la nuit. Très triste, la femme s’approche de Raoul. Cela fait plusieurs jours qu’elle soigne ses hommes et voir l’un d’eux partir de la sorte est terrible. Soudain, elle se met à rire et commence à appuyer de toutes ses forces sur la jambe qui se met à désenfler à vue d’œil, sous le regard stupéfait de ses voisins de chambrée. Une petite rondelle de pantalon, découpée par la balle et entrée avec elle, empêchait la suppuration. Une si petite chose aurait pu le tuer, sans l’intervention de la religieuse. La vie tient à bien peu de choses parfois.

Dans le Loiret, l’ambulance n°5 sous les ordres du chirurgien en chef Labbée arrive à Cravant. Cela fait six jours que les blessés attendent d’y être soignée. Cent neuf blessés, tous grièvement atteints, gisent par terre, dans les maisons abandonnées, sans avoir reçu aucun soin. Ils sont privés de tout, mourant littéralement de faim et de soif, accumulés dans de misérables chambres, couchés sur de la paille infecte, sans feu, parfois sans lumière. Parmi eux, on compte seize fractures du fémur, douze de la jambe, trois fractures du crâne, deux du bassin et de la colonne vertébrale, des blessures multiples sur le même individu. L’un des blessés a reçu six balles. Le chirurgien, devant l’état des blessés, le froid qui règne, et l’impossibilité de les envoyer à Orléans, par manque de transport, décide de rester sur place. L’ambulance y restera quarante-sept jours. Parmi tous les soins apportés, comme les opérations de petite chirurgie, les extractions de balle, il va être procédé à quinze amputations. Au moins cinq blessés mourront après l’opération, d’hémorrhagie, d’infection ou du tétanos.

Les cent neuf blessés sont soignés et, malgré l’état dans lequel le chirurgien les a trouvés, seulement vingt-huit vont décéder. Les blessés sont ensuite évacués sur Orléans.

A Montmedy, à sept heures du matin, la capitulation est signée. La ville est rendue avec tout son matériel de guerre et ses provisions. Toutes les armes sont livrées et la garnison devient prisonnière de guerre, à l’exception des douaniers, renvoyés chez eux et des gardes nationaux sédentaires, qui ne seront pas inquiétés.

A Phalsbourg, qui a capitulé la veille, à midi, la garnison sort de la forteresse. Le temps est épouvantable : le vent d’ouest souffle avec violence, la pluie tombe sans discontinuer. 980 hommes partent pour l’Allemagne. La colonne de prisonniers se met en marche vers Lützelbourg où ils doivent embarquer dans des trains.

A la gare, les allemands ont oublié (peut-être), de placer des sentinelles le long du train, à l’opposé du côté où embarquent les français. Un certain nombre en profite pour s’échapper et gagner la forêt qui longe la voie ferrée.

A Belfort, l’attaque de la veille est renouvelée par l’ennemi, avec, cette fois, plus de succès. Ils reprennent leurs positions dans les bois de Bavilliers et occupent la ferme de Froideval. La canonnade est très vive des deux côtés, entre cinq heures et sept heures du soir. Le dégel continue sous une pluie battante, toute la journée.

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