18 Novembre 1870 - brouillard et combats en Eure-et-Loir

A Paris, les maraudeurs sortis de Paris reçoivent des coups de fusil aux avant-postes prussiens. Plusieurs sont blessés, certains tués.

Paris commence son troisième mois de siège.

En Eure-et-Loir, après la prise de Dreux, les combats continuent. Plusieurs villages sont occupés par les troupes prussiennes qui pillent les maisons et maltraitent les habitants.

A Illiers, le lieutenant-colonel des Moutis, des gardes mobiles de l’Orne, doit évacuer la ville, mais, un exprès envoyé par le commandant de la garde nationale, lui apprend que les prussiens avancent sur la ville. Les troupes françaises ne peuvent partir. Le chef de bataillon des mobiles de la Loire-Inférieure rassemble ses troupes aux Châtelliers. Le 2^e bataillon s’avance jusqu’à un km d’Illiers et le 3^e garde la position. Une mitrailleuse de la Sarthe arrive. Les rues sont barricadées. La vision, depuis le clocher, est dégagée sur cinq km de plaine.

Les français voient arriver la cavalerie prussienne, qui commence par fouiller toutes les fermes et harceler les grand’gardes. Ces derniers se retirent sur Illiers.

Et le bombardement commence. Six pièces de canon tirent pendant cinq heures, dans l’après-midi, d’une distance de quatre km. La mitrailleuse française est inefficace, l’ennemi est hors de portée. Les hommes se mettent à l’abri derrière les barricades. Ils doivent tenir coûte que coûte.

La moitié du 2^e bataillon se rend à Saint-Eman, entre les Châtelliers et Illiers. L’autre moitié reste en réserve. Les obus tombent sans relâche et toutes les maisons sont atteintes. Le feu prend dans les quatre premières, sur les routes de Chartres et de Voves. Vers deux heures, deux bataillons de la Manche, arrivent à leur secours par la route de Brou.

Le commandant Candeau, après avoir laissé trois compagnies aux Châtelliers, arrive sur Illiers avec un demi-bataillon.

Le lieutenant-colonel des Moutis, voyant les troupes tenir Illiers, fait avancer la réserve, avec un demi-bataillon de l’Orne, quatre compagnies de la Loire-Inférieure et deux compagnies de Francs-tireurs. Il se porte sur la route de Courville, pour un mouvement tournant à gauche, alors que les mobiles de la Manche en font autant à droite. C’est un simulacre de contournement qui fait cesser le feu aux prussiens, qui se retirent et prennent la route de Chartres, à quatre heures et demie.

Six maisons ont brûlé, toutes sont endommagées par les obus, mais les habitants sont indemnes. Quatre soldats français sont morts et quinze blessés, dont le sous-lieutenant Barré, des mobiles de l’Orne.

Au Pré-Saint-Martin, une colonne prussienne brûle le village du Perruchay.

A Châteauneuf, la ville, qui a subi un deuxième bombardement le 17, est le théâtre de violents combats dans la nuit et le lendemain, 18 novembre. En divers points de la forêt, et surtout à Torçay et à Ardelles, des combats ont lieu.

Les mobiles de la Corrèze reçoivent leur baptême du feu au combat de la forêt de Châteauneuf. 131 d’entre eux sont faits prisonniers. Le capitaine de la Pomélie est grièvement blessé, le capitaine Rebière et le commande de Cézac sont faits prisonniers.

Le commandant Laflaquière, du 36^e de marche, arrive à Torçay vers trois heures du matin. Il se met en position de défense et envoie des guides reconnaître l’extrémité nord de la forêt de Châteauneuf. Surnommé la queue de Fontaine, cette partie du bois s’étend de Châteauneuf à Fontaine-les-Ribouts, en suivant une gorge profonde avec seulement deux passages possibles pour l’artillerie et la cavalerie prussienne. Le commandant Laflaquière doit défendre celui qui va de Morvillette à Torçay. Il poste, avant l’aube, sur la lisière, en face des hameaux de Criloup et de Morvillette, les 3^e et 6^e compagnie de son bataillon. Les 2^e et 4^e sont dans deux bouquets de bois qui commandent le pont et le ravin de Saint-Vincent. Le reste est en réserve au hameau de Torçay. Les six compagnies sont fortes de neuf cent cinquante hommes.

Vers neuf heures, le combat commence. Les 3^e et 6 compagnies du 36^e, postées à la lisière de la forêt réussissent, un temps, à contenir des forces cinq fois supérieures. Mais elles doivent abandonner leur position et se replient sur les 2^e et 4^e qui défendent le pont et le ravin de Saint-Vincent. Après une et heure et demie de combat, l’ennemi cesse le feu, ne pouvant vaincre la résistance des français.

Pendant ce répit, le commandant Laflaquière envoie la 6^e compagnie faire une reconnaissance sur le deuxième défilé, mais il s occupé par les troupes prussiennes et les soldats se replient après une violente fusillade.

N’ayant reçu ni ordre ni renfort, le commandant Laflaquière ne peut compter que sur ses hommes et il poste une section derrières les murs en pisé des abords de Torçay. A onze heures, l’ennemi dirige une attaque générale sur toute l’étendue du front français. Eux, ont reçu des renforts.

La situation des défenseurs de Torçay devient intenable. Leur sort est celé. Ils vont être cernés par les prussiens. Mais les renforts prussiens reçoivent l’ordre de continuer leur route sur Digny, sans attendre l’issue du combat de Torçay. Les troupes qui devaient arriver par la droite vont donc faire défaut. Les troupes prussiennes qui doivent arriver par la gauche vont également faire défaut. Les hommes du 18^e dragon sont accueillis par une fusillade à Fontaine-les-Ribouts. Croyant avoir affaire aux français, s’abstiennent de continuer leur route. En réalité, ce sont des fantassins prussiens qui leur ont tiré dessus, croyant avoir affaire aux cavaliers français. Une telle méprise doit son explication dans l’épais brouillard qui couvre toute la région.

Grace à lui, les prussiens croient avoir affaire à beaucoup plus de soldats et restent prudents.

Vers deux heures de l’après-midi, le commandant Laflaquière, complètement isolé, ses munitions presque épuisées, doit battre en retraite. Il commence par replier les tirailleurs sur les ailes, puis vers trois heures, il évacue Torçay et gagne Blévy avec ce qui reste de son bataillon. Sa retraite est couverte jusqu’au dernier moment par une section du sous-lieutenant Puginié, dont les hommes sont en grande partie, tués, blessés ou capturés.

Dans le combat de Torçay, le 2^e bataillon du 36^e de marche a perdu trente-sept hommes, tués, quatre-vingt-douze blessés et une centaine de prisonniers ou disparus. Parmi les tués se trouvent le capitaine Malard et le sous-lieutenant Thynus. Auguste Eugène Jean Mercier dit Reboult, vingt-quatre ans, natif de Paris, soldat au 36^e de ligne, perd son œil gauche après y avoir reçu un éclat de pierre. Daniel Pierre Morvant, caporal au 28^e de ligne, natif de Saint-Hernin, Finistère, souffre de plaies multiples, désorganisation du globe oculaire droit, palies contuses aux deux cuisses, érosion du fémur gauche. Il a été atteint par quatre coups de feu. Pierre Marie Perrot, vingt-sept ans, natif de Plelo, Côtes-du-Nord, soldat au 36^e de ligne, a le fémur gauche fracturé par coup de feu. Louis Désiré Viel, vingt-neuf ans, natif de Saint-Martin-d’Audouville, Manche, soldat au 36^e de ligne, a  la main droite fracturée et souffre d’une plaie contuse à la cuisse, par coup de feu.

De Blévy, le commandant Laflaquière doit rebrousser chemin sur Maillebois, où il apprend l’occupation de Saint-Maixme et de Jaudrais par l’ennemi. Il se retire sur Brezolles, passant sans être repéré, devant tout le front de la division de Treskow.

Après les combats, Châteauneuf et Ardelles sont livrées au pillage. A Ardelles, le village est incendié après avoir été pillé.

A Saint-Maixme-Hauterive, les troupes bavaroises qui ont bombardé la forêt de Châteauneuf, arrivent vers six heures du soir et envahissent la commune. 10 000 hommes, artillerie, cavalerie et infanterie occupent les villages de Sant-Maixme, Gland, Chappes et Hauterive. A leur entrée dans Saint-Maixme, ils se heurtent aux troupes françaises d’avant-postes qui occupent le village. Les détachements français qui occupaient la forêt, ont commencé leur retraite sur Senonches et il ne reste plus que quelques soldats de ligne, du génie, des mobiles de la Corrèze et les célibataires mobilisés de Nogent-le-Rotrou. La nuit est noire et un brouillard épais a envahi le village. Le combat se déroule dans les rues mêmes du village. Après avoir infligé des pertes à l’ennemi, les français se retirent et le village se retrouve livré au pillage des prussiens.

A Digny, où se trouve en garnison, un bataillon du 36^e de marche, les premières colonnes du corps d’armée du duc de Mecklembourg, près de 20 000 hommes, approchent du village. Ils sont accueillis par les tirs des soldats français. Comme à Saint-Maixme, la nuit noire et le brouillard épais empêchent les prussiens de se rendre contre du petit nombre de soldats français qui s’opposent à eux. Le combat commence dans la plaine à trois heures du soir et se rapproche peu à peu du village, pour se terminer, à dix heures, dans les rues. L’école, transformée en ambulance improvisée, accueille les six blessés dont un capitaine AM Le Foll, Auguste Joseph Begey, soldat au 96^e de ligne, blessé à la main par un coup de feu.Ils seront évacués sur La Loupe. Deux soldats français ont été tués.

Croyant l’ennemi plus nombreux, les prussiens se retranchent à l’extérieur, dans le cimetière dont ils détruisent une partie des tombes. Au petit matin du 19, se rendant compte de leur erreur, ils pénètrent jusqu’à la place de l’église. Comme à chaque fois, Digny est livrée au pillage.