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9 novembre 2020

9 Novembre 1870 - la bataille de Coulmiers

9novembre

Armée de la Loire, au petit matin, après une journée de marche et une courte nuit, les mobiles de la Sarthe sont réveillés sans ménagement. La nuit est encore là et une brume épaisse et humide les entoure. Ils se mettent en marche alors que le jour commence à se lever. La nouvelle circule dans les rangs : l’ennemi est proche. Le réveil a eu lieu sans clairon et de nombreux chariots d’ambulance les suivent à courte distance. C’est le signe que des combats vont avoir lieu.

Les hommes avancent en ordre et en silence. Cela doit être terriblement impressionnant à voir. Des grandes lignes d’infanterie, en doubles lignes de bataillon, au milieu desquelles se trouve l’artillerie, puis d’autres bataillons, encore. Et en silence.

Les mobiles passent près d’un drôle d’état-major, des marins à cheval. C’est l’amiral Jauréguiberry, surnommé le grand bateau, qui prend le commandement de la première division du 16e corps.

Où est l’ennemi ? Quelques coups de feu se font entendre, isolés. Puis, devant eux, l’ennemi est là. Sur la pente d’un côteau étendu et parsemé de petits bouquets d’arbres, en rang de bataille, se trouve l’armée bavaroise, à moins de trois kilomètres.

Les hommes n’attendent pas les ordres pour glisser une cartouche dans le canon de leur chassepot. Le bruit sec de tous ces fusils qui s’arment se propagent comme une vague, dans les rangs des soldats. Entre eux et l’ennemi, cela bouge avec rapidité. Ce sont les cavaliers français, les dragons, placés en tirailleurs. Bientôt les coups de feu sont de plus en plus nombreux. La fusillade partie de la droite se repend comme une trainée de poudre. Les hommes entendent alors de drôles de bruits. De légers sifflements comme le vol des guêpes : c’est le bruit des balles, un bruit que les mobiles découvrent, pour beaucoup. Puis, plus aigu, le sifflement de l’obus qui passe au-dessus d’eux pour exploser juste derrière. La terre tremble, nuage de fumée, sable, cailloux sont projetés en l’air, et à l’impact, un entonnoir béant. Les mobiles viennent de rencontrer leur premier obus. Il est suivi par une pluie d’autres qui visent les mobiles. Bientôt, entre obus et fusillade, c’est un feu roulant continue qui envahit la plaine. La bataille de Coulmiers vient de commencer.

Les français attaquent là où les allemands les attendent. Les hommes tombent. Les blessés sont ramassés par les autres soldats, étendus sur leurs fusils comme brancard et emmenés en arrière, au village d’Epieds où l’ambulance s’est installée.

Les hommes continuent à avancer, traversent la route d’Orléans, la dépassent. Le feu ennemi est de plus en plus violent, les projectiles de plus en plus nombreux. Un nouveau son s’ajoute aux premiers, le bruit terrifiant des mitrailleuses. Les ravages qu’elles font dans les rangs des soldats sont visibles aux corps étendus dans sa ligne de tir. Un des bataillons de la Sarthe s’éloigne pour atteindre le village de Champs.

La marche en avant des mobiles de la Sarthe se trouve stoppée, mettant en danger les soldats, cibles immobiles pour les tirs allemands. Les officiers les font coucher à terre avant que la débandade ne se produise. Ils les encouragent à tenir jusqu’à ce que l’artillerie française se mette à tonner. Cette fois, c’est obus français contre obus allemand. Entre les deux, couchés au sol, les soldats français attendent, dans un vacarme assourdissant. L’amiral profite du répit accordé par cette bataille d’artillerie pour modifier la formation de combat. Le bataillon est isolé dans la plaine. Les balles clairsement les rangs. Les blessés sont emmenés en arrière. La formation en ligne est remplacée par une formation en colonnes de compagnies, placées perpendiculairement au champ de bataille.

Bientôt la nuit tombe. Le bruit de la bataille s’estompe pour s’éteindre alors que la lueur de nombreux incendies rougit le ciel d’un bout à l’autre de l’horizon. Les hommes doivent bivouaquer sans tente, sans feu, au milieu de la plaine alors qu’une pluie de plus en plus épaisse tombe sur eux. La bataille est finie. Les mobiles de la Sarthe ont eu 44 tués et 220 blessés.

Mais, ce que l’on appelle la bataille de Coumiers, s’est déroulée sur Meung, Orléans, Patay, Epieds, Cheminiers, Gémigny et Vaurichard.

Bacon est pris d’assaut par les troupes françaises après une heure de combat. Le château de la Renardière, les châteaux de Huisseau et de Grand-Lus sont enlevés vers midi. Gémigny, Rosières, Champs, Ormeteau, Saint-Sigismond, sont emportés d’assaut.

L’ennemi part en retraite sur Janville, Toury, Etampes, Saint-Peravy et Patay. Les pertes françaises s’élèvent à quarante-deux morts dont cinq officiers et huit cent quatre-vingt-un blessés.

Le général de division Jean Jacques Paul Felix Ressayre, soixante-et-un ans, est blessé. A l’état-major, le capitaine Edouard Louis Alexandre Péricaud de Gravillon est tué. Le capitaine Joseph Marie Lecocq est blessé. Au total cinq officiers sont tués au combat, huit décèderont de leurs blessures et quarante-neuf autres sont blessés.

Les pertes allemandes s’élèvent à cinquante-deux morts dont neuf officiers et mille cent soixante et onze blessés.

Pendant la nuit, les ambulances se rendent sur le champ de bataille. Le temps est affreux. Elles parcourent les champs, dans tous les sens, à la recherche des blessés et des morts. Beaucoup de blessés se sont trainés jusqu’aux fermes les plus proches, à la recherche de secours ou d’abri. Certains meurent faute de soin.

L’ambulance n°4 de la société de secours aux blessés, partie au lever du jour, de concert avec l’ambulance militaire du quartier général arrive au village de Bacon. N’y trouvant pas de lieu satisfaisant pour s’installer, elle choisit le château de la Renardière qui vient d’être le théâtre d’un violent affrontement. Les médecins se mettent immédiatement au travail, soignant les blessés déjà sur place, et ceux que les infirmiers ramènent du champ de bataille. Quatre-vingt-un soldats passent entre leurs mains, avant d’être évacués sur Meung, Chaingy et Orléans, le lendemain.

  • Joseph Aubert, trente-trois ans, natif de Badonviller, Meurthe, soldat au 46e de ligne, est amputé de la cuisse gauche après fracture par coup de feu.
  • Florent Bataillon, vingt ans, natif de Varennes-sous-Montsoreau, Maine-et-Loire, soldat au 17e de ligne, est amputé de la jambe gauche après fracture par éclat d’obus.
  • Marcel Benit, dix-neuf ans, natif de Villegly, Aude, lieutenant au 37e de marche, est amputé de la cuisse droite après fracture du fémur par éclat d’obus.
  • Jean Julien Louis Bodin, trente-deux ans, natif de Parigné (Ille-et-Vilaine), soldat au 86e de ligne, subit une désarticulation après fracture de l’humérus gauche par éclat d’obus.
  • Eugène Joseph Charbotel, trente ans, natif de Lyon, soldat au 20e d’artillerie, est amputé du bras après fracture de l’humérus droit par éclat d’obus.
  • Nicolas Claudon, natif de Moras, Drôme, sous-lieutenant au 20e artillerie, subit une résection de la tête de l’humérus après fracture de l’humérus et de la clavicule par éclat d’obus.
  • Marie Felix Gaudet, vingt-et-un ans, natif de Viriort, Ain, soldat au 3e chasseurs à pied, est amputé de la cuisse après une plaie pénétrante du genou droit par coup de feu.
  • Edmond Henri Avice, vingt ans, natif de Gainneville, Seine-Maritime, soldat au 16e de ligne, perd son œil gauche après un coup de feu.
  • Louis Delsol, vingt-quatre ans, natif de Saint-Cernin-de-Herm, garde mobile de la Dordogne, est blessé à la face par un éclat d’obus qui lui laisse une large cicatrice adhérente et déprimée en avant de l’oreille, avec déviation et abaissement des paupières de l’œil droit

Plus de cent cinquante blessés de la bataille de Coulmiers garderont des séquelles à vie de leurs blessures, qui leur vaudront une pension de l’état.

La ville d’Orléans est évacuée par l’ennemi qui y laisse près de mille malades ou blessés. Les ambulances sont encombrées de varioleux. Le château du Grand-Lus sert d’ambulance.

A Neuf-Brisach, le triste travail de destruction des poudres est achevé. Les hommes restent à leur poste. A huit heures du soir, les officiers d’artillerie sont convoqués à la direction. Ils reçoivent l’ordre de mettre hors de service, les pièces rayées, le lendemain matin, en les chargeant de deux obus superposés. A dix heures du soir, l’ordre est donné d’enclouer les pièces. En fait, le commandant de la place attend le retour du curé de Neuf-Brisach, qu’il a envoyé en parlementaire, demander l’autorisation d’évacuer les femmes et les enfants. La demande est refusée.

A Montbéliard, l’ennemi occupe le château de Montbéliard.

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