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7 novembre 2020

7 Novembre 1870 - les visages de la guerre : entendre, voir, combattre, souffrir, mourir

A Paris, l’ambulance du palais de l’industrie est évacuée sur l’ambulance du Grand-Hôtel. Installée dans les grandes salles de l’exposition des tableaux, avec 600 lits, elle a reçu 646 officiers et soldats, tous blessés très grièvement.

Près de Chaumont, à Brethenay, alors qu’il tente de garder le plateau de Jonchery, d’où l’ennemi pourrait bombarder Chaumont, le bataillon du commandant Henry reçoit l’ordre de battre en retraite. Une partie du 3e bataillon, et deux compagnies d’éclaireurs ont été laissés à Bretenay, mais une cinquantaine de gardes mobilisés de la Haute-Saône, partis en reconnaissance, se retrouvent aux prises avec une centaine de uhlan. Les français se réfugient dans un bouquet de bois. Malgré leurs efforts, les autres compagnies ne réussissent pas à les dégager et doivent se replier sous la mitraille et abandonner Bretenay. Les éclaireurs piégés dans le bois, sont entourés près du bois de la Tillaude par un escadron de dragons poméraniens. Un coup de feu part et les dragons se ruent sur les mobiles désarmés et les massacrent à coups de sabre et de révolver. Quarante-trois sont mortellement blessés, plusieurs n’ont même plus figure humaine. Les corps vont rester sur place, pendant deux jours, sans sépulture. Quelques-uns, laissés pour morts, sont ramenés par un habitant de Chaumont.

A Neuf-Brisach, les prussiens prennent possession du fort. Ils occupent également le village de Volgelsheim. Cette position les renforce dans le siège de la place forte.

La poudrière de la porte de Colmar est complètement éventrée. La tour n°3 et la porte de Strasbourg menacent de s’écrouler. Dans la nuit, les allemands établissent de nouvelles batteries.

En Normandie, dans l'Eure, la guerre prend un autre visage. Les francs-tireurs mènent une véritable guérilla contre les prussiens. Ces derniers sont furieux de ne pouvoir vaincre cet ennemi insaisissable, alors ils se vengent sur les habitants.

Foret-la-folie

Deux détachements venus de Gisors et Magny sont envoyés sur Mouflaines, Fontenay et Tourny, pour un pillage complet. Plusieurs de leurs patrouilles sont attaquées par les francs-tireurs et les gardes nationaux, embusqués au bois de la Couarde, entre Guitry, Forêt-la-Folie et Mouflaines.

En les poursuivant, les allemands en voient un escalader les murs de la propriété de M Campigny, adjoint au maire de Forêt-la-Folie. Il est seul avec sa fille.

Alors qu’il sort de chez lui pour comprendre ce qui se passe, il est atteint de cinq balles en pleine poitrine. Comme il respire encore, il est achevé à coups de baïonnette sous les yeux de sa fille. Cette dernière est ensuite traînée, de pièce en pièce, de dépendance en dépendance, à la recherche des francs-tireurs, en vain. Alors ils reviennent au corps de son père et le mutile avec rage. Il est criblé de balles, ses bras sont coupés, son crâne est emporté.

Le vol suit lorsque le cadavre est délesté de l’argent qu’il recèle. Les meules de blé sont incendiées.

Le garde-chasse Laîné, pris les armes à la main, est criblé de balle et lardé de coups de baïonnette. Les fantassins ont envahi le village et tirent à tout va, sur tout ce qui bouge, femmes, enfants, vieillards. Quatre sont blessés. Vingt-deux paysans sont faits prisonniers. Ils seront libérés grâce à l’acharnement du curé qui va supplier sans relâche les officiers, malgré les mauvais traitements qu’il subit lui-même.

A Guitry, une boucherie semblable a lieu. Les soldats allemands sont ivres, ivres de rage et du vin qu’ils ont pillé dans les maisons. Ils s’emparent du maire, veulent le tuer, le traînent dans sa ferme à laquelle ils mettent le feu. Deux charretiers, François Tréguier et Goergelin, accourus au bruit de la fusillade sont pris et fusillés. Désiré Cauchois qui revient des champs, reçoit une balle en plein cœur, comme le sieur Jouan. Les sieurs Lamourette et Gossent qui traversent un verger pour rentrer chez eux sont attrapés et assommés. De ferme en ferme, de maison en maison, les prussiens fouillent et tuent. Léopold Fleury est tué à bout portant. Constant Stortz, ouvrier de la sucrerie de Fontenay, qui rentre de son travail est tué parce que ses souliers sont humides. Il est abattu sous les yeux de sa femme et de ses enfants. Alors que le curé lui apporte les réconforts de la religion, les allemands mettent le feu à la maison et le curé n’a que le temps de porter le mourant et entraîner sa famille dehors avant que tout soit embrasé. Stortz meurt dans ses bras dans la cour de la maison incendiée.

A Belfort, la garde nationale mobilisée est appelée à l’activité. Le maire recommande aux habitants de faire des réserves alimentaires pour au moins trois mois.

A Phalsbourg, de nuit, une vive fusillade s’engage entre la place forte et les prussiens. Ces derniers prennent l’habitude, pendant plusieurs nuits, de se glisser jusqu’au pied des glacis et de tirer sur tout ce qui bouge, et les assiégés répliquent. Mais cela ne fait pas beaucoup de dégâts.

Armée de la Loire, les mobiles de la Sarthe séjournent au camp de Vievy. L’hiver commence à se faire sentir douloureusement. Les tentes ne protègent pas les soldats du vent glaciale, et le petit matin les trouve couvertes de givre. Le matin du lundi 7 novembre, comme de coutume, les hommes ont fait l’exercice et pris la soupe. Vers dix heures, ils sont au repos. Certains écrivent à leur famille, d’autres fument la pipe, discutent. Ce calme est brusquement interrompu par un bruit sourd, comme un roulement de tonnerre, qui provient de l’autre côté de la forêt de Marchenoir. Toutes les conversations s’arrêtent. Les hommes attendent. Un second roulement de tonnerre parvient jusqu’à eux. C’est le canon qui tonne. Puis, la fusillade se fait entendre. Le camp s’agite en quelques minutes. Les tentes sont renversées, les sacs bouclés, les bataillons rassemblés aux faisceaux. Le commandant de Montesson arrive au galop et donne l’ordre de mettre sac à dos et de prendre les armes. Pendant toute leur marche, qui va durer jusqu’à trois heures, arrivés aux environs de Saint-Léonard, ils entendent le son de la bataille, qui peu à peu, s’estompe. Les mobiles de la Sarthe s’arrêtent et voient arriver des dragons français, qui escortent des prisonniers bavarois, dont certains, blessés sont chargés dans sept voitures conduites par les paysans du coin. Ils leur racontent qu’une attaque a été repoussée du côté de Saint-Laurent-des-Bois. Alors que les mobiles de la Sarthe dressent leur tente auprès de Saint-Léonard, en vue de la forêt de Marchenoir, un petit détachement de mobiles du Loir-et-Cher arrive. Il a pris part au combat.

Comme leurs confrères de la Sarthe, les mobiles du Loir-et-Cher étaient au repos lorsque le roulement du canon leur est parvenu. Ils se trouvaient au camp de Saint-Léonard, plus près que les mobiles de la Sarthe. Lorsque l’ordre leur est donné de courir au bruit, les tentes sont roulées en un instant. La viande pas encore cuite et le pain sont entassés dans les marmites bouclées sur les sacs et les sacs sont chargés sur les épaules. Le reste des bagages est laissé sur place, sous la garde des invalides du bataillon. Le sol est vite jonché de pain et de viande que les hommes jettent pour s’alléger et courir plus vite. Car c’est une véritable course au pas de gymnastique. Beaucoup d’hommes s’arrêtent pour cacher leur sac dans les bois avant de reprendre la course. Les hommes traversent, dans le désordre le plus total, Marchenoir, puis Saint-Laurent-des-Bois. Ils courent sur près de douze kilomètres et arrivent sur le champ de bataille. Enfin, certains arrivent avant les autres. Le capitaine de Maricourt, à la tête de la 12e compagnie des mobiles du Vendômois, se retrouve seul en tête avec un de ses hommes, Maury. En se retournant, il voit le reste de sa troupe qui se hâte, essoufflée, sur près de deux kilomètres de long.

Ils croisent des chasseurs blessés qui quittent le champ de bataille, tous ensanglantés, et gagnent le mamelon que les chasseurs à pied ont défendu toute la journée. Un à un, les hommes de la compagnie arrivent et bientôt, tout le bataillon est au complet. Un obus passe au-dessus de leur tête. C’est le baroud d’honneur des prussiens qui battent en retraite. Le baptême du feu n’est pas encore arrivé pour les mobiles du Loir-et-Cher, mais ils viennent d’en voir un extrait. Surtout, ils ont montré leur courage en parcourant au pas de course les douze kilomètres. On leur affecte une ferme qui brûle comme cantonnement. Un convoi de blessés bavarois passe près d’eux et les mobiles leur tendent leurs bidons de vin.

Ils sont en grand-garde, donc, pas de tentes, mais le bivouac ne manque pas de feu, car les meules de paille brûlent.

Mais qui a pris part à ce combat que les mobiles n’ont fait que voir de plus ou moins loin ?

Ce sont les hommes du 3e bataillon de marche des chasseurs à Pied, les dragons du général Abdelal et la brigade Bourdillon. Ils y ont affronté une colonne de près de deux milles cavaliers, deux régiments d’infanterie et deux batteries d’artillerie, venant de Baccon.

Revenons quelques heures plus tôt. Le chef de bataillon JL Labrune en vue de l’ennemi, déploie ses hommes sous le feu de l’infanterie et de l’artillerie prussienne et ils contiennent l’attaque. Les prussiens ont déjà incendié plusieurs fermes, et le moulin de Marolles. Au même moment, le général Abdelal, à la tête d’un de ses régiments de dragons, en camp à Autainville, part au galop et renverse tout ce qui se trouve sur son passage. Il fait prisonnier une compagnie prussienne tombée sous les sabres de ses cavaliers.

La brigade Bourdillon accourt à son tour et, vers deux heures, arrive sur le champ de bataille. La batterie de 4 et une batterie de mitrailleuses qui l’accompagnent se mettent en position et ouvrent le feu sur l’ennemi.

Très vite, les allemands perdent du terrain et battent en retraite sur Vallière, laissant derrière eux beaucoup de morts et de blessés, ceux que les mobiles vont croiser.

Les français ont quatre tués et trente-cinq blessés dont le sous-lieutenant PP Métais, qui mourra de ses blessures quatre jours plus tard, et le chef de bataillon JL Labrune, des chasseurs à pied.

 

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