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22 juillet 2020

22 juillet 1870 - les errements du 95e

Bien que voulue, cette guerre est décidément mal préparée. Le docteur Coste, médecin-major du 95e de ligne l’atteste dans ses rapports.

Regroupés au camp de Saint-Maur, le 1er juillet, le régiment part le 16 juillet, par le chemin de fer de l’Est, avec 1200 hommes. Arrivés à Metz le 17 juillet, il part pour Saint-Avold, mais se trompe de direction. Il faut retourner à Metz et au ban Saint-Martin. Le régiment manque de tout.

Le 22 juillet, cette fois, c’est le bon départ, pour Boulay. Le campement est installé et les hommes comme les officiers cherchent sur place, ce qu’ils n’ont pu trouver à Metz. Ils profitent des reconnaissances sur Coume pour acheter des poulets dont le prix flambe de 2 francs à huit heures à 3 francs deux heures plus tard.

Le 25 juillet, le régiment change de campement et essuie un orage pendant la nuit. Le lendemain, départ pour Boucheporn. Le campement est installé dans un champ d’avoine et les bêtes comme les hommes moissonnent le champ pour leur profit. Les malades commencent à se présenter aux médecins, qui doivent aller acheter, à Metz, des médicaments absents de leur pharmacie de guerre. La discipline se relâche. Les habitants se plaignent de larcins de bois et de volaille. Comme pour Boulay, un violent orage précède leur départ pour un autre campement, à Saint-Avold. Sur la route, un autre orage les surprend avant d’arriver à l’étape d’Hernebourg-l’Evêque.

Le soir, de grands feux de bivouac sont allumés, alimentés par le bois pillé sur un chantier à côté du camp.

Le 1er août, les renforts arrivent. 1000 hommes de la réserve viennent gonfler les effectifs qui passe à 2200 hommes. Départ pour Merlebach, à 5 km en avant. Le régiment se trouve à trois cent mètres de la frontière. Les douaniers sont nombreux à patrouiller, ce qui n’empêche pas les hommes de faire des provisions de tabac de contrebande.

Cela ressemble plus à une bande de scout en goguette qu’à une armée en marche de guerre.

Départ pour Forbach sans bagages. Arrivée à Marsbach, marche vers Saarbruck. Retour à Marsbach, puis Forbach. Départ pour Rosebruck, le régiment retraverse Merlebach et Hombourg-le-bas. Arrivée à Hombourg le haut. Le 5 août, on prend les mêmes et on recommence. Départ vers Merlebach. La journée est orageuse et accablante. Les hommes ne savent pas où ils vont. Les officiers ne semblent pas en savoir plus. Ils entendent bien tonner le canon au loin, mais ils ne sont pas de la fête. Tout le 3e corps se bat à quelques encablures de là : 35 000 hommes sont au combat, dont la division du Mexique et la garde. Les 25 000 hommes du 2e corps d’armée se battent contre les 70 000 prussiens. L’apport du 95e régiment aurait peut-être pu changer quelque chose.

Pourtant, les hommes continuent à aller de bivouac en bivouac. Il parait que les prussiens sont à Forbach. Les bagages du 95e aussi. Mais non, ils arrivent. La troupe marche de nuit, vers le sud, croise les troupes du 2e corps qui viennent de se battre, régiments mélangés, hommes sans sacs. Les voitures de blessés prouvent qu’il y a bien la guerre, quelque part.

Le 8 août, départ pour Saint-Avold. La population ne sait que faire, interroge les militaires : doivent-ils fuir ? Rester ? Il fait une chaleur d’enfer. Certains chefs de famille n’attendent pas et embarquent femmes, enfants et bagages dans leurs charrettes.

L’eau manque, la nourriture aussi. Les lièvres sont tués à coup de bâton pour nourrir la troupe. Le 9 août, départ pour une destination inconnue. Le 11 août, le régiment prend la route de Strasbourg à Metz. Le régiment a fait un allez-et-retour épuisant. En douze jours, il n’a pas séjourné 24 heures au même endroit. Il faut laver et sécher le linge, nettoyer les armes qui n’ont pas servi. Le temps n’aide pas. Les orages transforment les ruisseaux en torrents qui ravagent les terres défoncées par la troupe. Les distributions de vivre sont irrégulières et insuffisantes.

Où est la guerre ? Les hommes du 95e la trouvent le 14 août. Alors qu’ils ont levé le camp, près du bois de Borny, ils y retournent. La bataille se livre sur le plateau où ils campaient le matin-même. Mais ils ne prennent toujours pas part aux combats.

Seuls les médecins sont sollicités. Les blessés de la 2e division arrivent de tous côtés. A huit heures, tout est fini.

Le lendemain, départ au clair de lune. Arrivée à Metz, la ville est encombrée. Seuls deux ponts de bateau ont été établi pour faire traverser 12 000 hommes. Cent mètres sont faits en une heure. Le 95e arrive à huit heures du soir, à la porte de France, ban Saint-Martin, puis une heure et demie plus tard, au fort Saint-Quentin, pour installer le campement sur les glacis.

Il s’est écoulé un mois. Le 95e a juste fait un aller-et-retour. Drôle de guerre.

 

Metz Saint Quentin

 

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