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2 octobre 2019

Deux livres en trop pour Louis Felix

Nous lisons régulièrement, dans la presse, ces histoires où, des personnes, blessées grièvement lors d'accident ou autre, n'ont rien senti et, parfois, ont même continué leur route, comme si de rien était. L'adrénaline, l'état de choc et tout un tas d'autres choses qu'un médecin pourrait mieux qualifier que moi, jouent un rôle dans cette "anesthésie aveugle".

Ce n'est pas un phénomène récent.

Le 22 mai 1871, le 26e bataillon de chasseurs se trouve à Paris, place de la Concorde, sur le quai du Cours-la-Reine. Il y a une ambulance à cet endroit, mais le 26e bataillon n'est pas là pour elle. Sac au dos, arme à la main, les hommes s'élancent sous les tirs d'obus.

ParisParmi eux se trouve Louis Felix Michaud, vingt-deux, natif de Parcey, dans le Jura. Il est ouvrier de forge à Blanquefort, dans la Gironde, lorsqu'il tire au sort pour le service militaire. Il est bon pour le service, mais part comme remplaçant, le 15 juillet 1870. Quand la guerre a éclaté, il était déjà à l'armée, au grade de sergent.

Ce jour-là, Louis Felix est à genou devant l'ambulance, sur le quai du Cours-la-Reine, lorsqu'il reçoit un coup dans le dos. Pas grave, il s'élance avec son régiment, et court sur au moins six cent mètres, en tirant. Ce qu'il ignore, c'est qu'il a reçu un éclat d'obus de taille considérable : d'un poids de deux livres, l'éclat s'est logé dans son épaule. Il est tellement gros que, lorsque l'on s'aperçoit de sa blessure, un de ses camarades retire l'objet de la plaie avec ses doigts.

L'hémorrhagie qui suit l'extraction n'est pas importante, mais il a une plaie horizontale de vingt-un centimètres, allant de la colonne vertébrale à l'acromion qu'elle déborde. L'épine de l'omoplate et l'apophyse acromiale sont broyées, mais l'articulation scapulo-humérale est saine.

Évacué à l'ambulance, le docteur Gillette lui prodigue ses soins. Pour commencer, il lui applique des compresses imbibées d'eau alcoolisée, puis de glycérine phéniquée. Au bout de huit jours, la plaie suppure abondamment, d'une manière satisfaisante (pour l'époque). Plusieurs esquilles secondaires sont détachées de l'os, dont une volumineuse.

Louis Felix est alors évacué vers un hôpital, en bon état, mais non entièrement guéri.

Au final, il souffre de perte de substance des muscles sus et sous-épineux, du deltoïde, avec une large cicatrice adhérente à la partie supérieure de l'omoplate et au moignon de l'épaule. C'est beaucoup pour simple coup dans le dos.

epaule

 

Sa blessure le rend infirme et bon pour une pension de 415 francs à compter du 27 août 1872.

J'ignore ce qui lui est arrivé ensuite ; s'il a survécu aux suites de ses blessures ; s'il s'est marié. A suivre donc.

 

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