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Le blog d'une généalogiste
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22 septembre 2019

Ce jour-là, 2 août 1914

Il est des jours particuliers, pour lesquels, des années après, voire même toute notre vie, nous nous rappelons où nous étions et ce que nous faisions.

Je me rappelle parfaitement où j'étais le 11 septembre 2001, lorsque j'ai appris qu'un attentat était en cours, à New-York.

Il y a eu bien des catastrophes avant, et après, malheureusement, mais, si me rappelle bien de ces évènements, je ne peux pas dire que je me rappelle où j'étais et ce que je faisais lorsque j'ai appris leur existence. Le 11 septembre oui. Peut-être une prémonition qu'il y aurait, dorénavant, un avant et un après, comme une frontière temporelle définitive entre deux mondes.

Ma mère se rappelle parfaitement comment elle a appris que la France entrait en guerre contre l'Allemagne, en 1939. Elle revenait d'une course chez le boulanger et a vu une belle affiche bleu-blanc-rouge, sur la porte du café à côté. Lorsqu'elle s'est approchée, elle a lu qu'il s'agissait du décret de mobilisation générale. Sans bien comprendre ce que cela signifiait vraiment, elle est rentrée chez elle et en a parlé à sa mère et ses cousines qui se trouvaient là. Et elle a su, ce que cela voulait dire.

Pour elle aussi, il y a eu un avant et un après.

Ce jour-là, elle revenait du boulanger. Ce jour-là, j'étais chez mon marchand de journaux pour acheter le programme de la semaine et le journal du jour. Des actes banals et quotidiens, car, quelque soit la catastrophe qui s'abat sur nous, elle nous surprend généralement dans le cours normal de nos journées.

Il n'a pas dû en être autrement le 2 août 1914.

Capture

Ce jour-là, un dimanche, les journaux qui paraissait ont écrit à la Une : "Ordre de mobilisation générale" avec le tableau de concordance des jours de mobilisation et les articles patriotiques de bon aloi. Il y avait également la liste des pays entrant en guerre, avec ou contre la France.

Capture2

Il en est de même pour "L'Indépendant du Loir-et-Cher".

Jaurès

Reléguée en page 2 alors que, sans la guerre, il aurait fait la Une, se trouve l'article annonçant l'attentat et la mort de Jean Jaurès. A la suite, se trouvent l'arrestation du meurtrier et la bio du grand homme.

Le lecteur du jour va donc de mauvaise nouvelle en mauvaise nouvelle. On a beau ne pas être du même bord, un homme politique assassiné dans une démocratie, ce n'est jamais une bonne nouvelle.

Mais après ? Le quotidien reprend son cours, en quelque sorte.

Les étrangers doivent, quelque soit leur nationalité, se présenter à la mairie de leur domicile, avec leurs pièces d'identité, pour obtenir un permis de séjour, le 2e jour de la mobilisation. A partir du 3e, ils pourront se déplacer s'ils ont un laisser-passer délivré par le commissaire de police, ou le maire. A partir du 4e jour, le laisser-passer devra comporter la photographie de l'intéressé.

La médaille d'Honneur est accordée à Louis Bourgeonneau, ouvrier carrossier mécanicien de la maison Delepelaire, dit Martin, à Blois.

La société musicale de Neung-sur-Beuvron est déclarée le 10 juillet 1914, dont l'objet est l'instruction musicale et musique d'ensemble.

S'ensuit un petit article truculent sur la halte de Marchigny. Prenons un peu de temps pour parler de cet épisode éminnement politique.

Une ligne de tramway électrique va de Contres à Selles-sur-Cher. Là où la ligne quitte la route nationale pour traverser les champs, vers Sassay, une halte est prévue. Les matériaux nécessaires à la construction de cet arrêt ont été déposés à proximité.

Jusque là, tout va bien. Mais un jour, ces matériaux sont enlevés pour servir à la construction d'une autre halte. Pourquoi ?

La politique s'en mêle alors, et s'emmele en même temps. Les partisans de l'ex-député, Paul-Boncour, racontent que c'est le nouveau député, le docteur Legros, qui les a fait enlever, pour faire plaisir aux châtelains du voisinage, qui auraient vu d'un mauvais oeil la construction d'un tel arrêt. De vrais réactionnaires, anti-progrès et anti-peuple, puisque c'est le peuple qui utilise le tramway !!

En réalité, le propriétaire du terrain n'ayant pas encore été exproprié pour qu'il y soit construit la halte, considérant le terrain toujours à lui, a refusé que la compagnie de tramway y dépose ses matériaux. Et ceux-ci ont donc été enlevés.

Voilà qui nous éloigne un temps, de la dure réalité de la guerre.

Le lendemain doit s'ouvrir, à Blois, la session de la Cour d'Assises de Loir-et-Cher. Elle sera rapide et ne durera qu'un jour. Seules deux affaires sont inscrites au rôle : une affaire d'avortement, à Châtillon-sur-Cher, et une tentative d'assassinat, à Villerable. Cette dernière, présentée à la session précédente, avait été reportée, dans l'attente de l'examen mental de l'accusé.

Onze témoins seront entendus dans la première affaire, pour laquelle une sage-femme, la femme Lafond, et la fille Morcelet seront jugées. Pour la seconde affaire, il n'y a que six témoins.

La justice doit suivre son cours, guerre ou pas... La suite sera pour demain.

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