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1 juillet 2008

Déclaration de grossesse en urgence

Sous l'ancien régime, le bon roi Henri II décréta, dans l'édit de Blois, que les femmes célibataires ou veuves, grosses des oeuvres illégitimes (pour faire simple : futures mères célibataires), devraient faire une déclaration de grossesse, devant un juge royal, accompagné de deux témoins.

Une copie de cet acte était donnée au curé, et les contrevenantes à cet édit risquaient l'amende, le fouet et la roue.

Pourquoi un tel édit, stigmatisant largement les mères célibataires (rappelons qu'il y en a toujours eu, de tous temps et sous tous les régimes) ? Pour éviter les infanticides, malheureusement courants dans de telles circonstances.

Seulement les femmes, pour de multiples raisons, attendaient avant de faire cette déclaration. La raison principale étant l'espoir d'être malgré tout épousée par le père (ou un autre) et donc de donner un père LEGITIME à leur enfant.

Seulement, les douleurs de l'enfantement pouvaient arriver trop tôt : trop tôt pour que l'enfant survive. En cas de décès à la naissance, la mère risquait gros si elle n'avait pas fait de déclaration de grossesse avant !!!!

D'où des déclarations de grossesse faites en urgence devant monsieur le curé.................... comme ces deux cas à Mur de Sologne.

Le premier, le 26 juillet 1769, concerne Jeanne Prevot, domestique, âgée de 23 ans. Enceinte de 6 mois des oeuvres d'un domestique du moulin dont elle ne connait que le prénom, Jean, elle va accoucher deux jours plus tard (il était temps !!!) d'une petite fille baptisée sous condition, car née trop tôt, et décédée le lendemain.

Le deuxième est plus étonnant. Le 20 mai 1769 (décidément, c'était l'année des déclarations de grossesse pour le curé), Marie Vicques, veuve, exerçant le travail de journalière là où elle peut trouver de l'ouvrage, s'est retrouvée enceinte des oeuvres illégitimes d'un homme marié dont elle se refuse à communiquer le nom, pour ne pas lui nuire.

Elle aurait du se rendre à Romorantin pour faire sa déclaration devant l'officier du roi, mais elle était trop fatiguée pour s'y rendre à pied (12 km) et personne n'avait voulu l'y emmener, de peur que les secousses d'une voiture ne déclenchent l'accouchement. Elle est donc venue faire sa déclaration de grossesse directement au curé, qui pour cela, a appelé deux témoins.

Marie refuse donc de nommer le père de l'enfant, confiante dans le fait qu'il subviendra à ses besoins, mais indique quand même que le père soupçonné par la rumeur n'est pas le père de son enfant.

Le trois juin, une petite fille nait et est appelée Anne de Mur. Espérons pour elle que le père a vraiment subvenu à ses besoins.



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Commentaires
P
Les déclarations de grossesse ont perduré jusqu'à la révolution. On en trouve encore durant cette période.
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M
C'était donc plutôt un bon édit de la part de ce roi qui lui-même eût parmi ses enfants quelques "illégitimes": exigea-t-il de ses maitresses une déclaration de grossesse en bonne et due forme ? Ce qui peut surprendre c'est qu'en 1769, presque deux siècles plus tard, l'édit soit toujours en vigueur. Il faut dire que ce fut un roi globalement assez aimé ; voici ce qu'après sa mort tragique, Joachim du Bellay écrivit :<br /> <br /> " Hélas, il fut occis de l'éclat d'une lance,<br /> " Lui qui en guerre était d'indomptable vaillance,<br /> " Mais, devant que mourir, il avait si bien fait,<br /> " Qu'il avait de son temps le siècle d'or refait,<br /> " Tant aimé d'un chacun, pendant qu'il fut en vie,<br /> " Que les Dieux même étaient pour lui porter vie ...<br /> " Mettez sur son tombeau en gravure profonde :<br /> "Ci gît le roi Henri, qui fut l'amour du monde."
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